Aucun mètre cube de gaz n’a commencé à être commercialisé sur le gisement « Grand Tortue-Ahmeyim » (GTA), situé à la frontière maritime sénégalo-mauritanienne mais les spéculations vont bon train. Les démons de la division semblent surgir sur les côtes mauritano-sénégalaises. Quand ça sent le gaz et le pétrole, ça sent aussi le sang et la machette. Ces ressources commencent à intéresser de très près les citoyens mauritaniens et sénégalais, qui misent désormais sur ces réserves pour accroître leurs revenus substantiels.
L’affaire « Aliou sall » a fini de défrayer la chronique. Toute une semaine. De quoi ravir la la vedette à l’Aïd el-Fitr (célébration de fin du mois de ramadan). Le frangin du président sénégalais, Macky sall, a été enfoncé par un documentaire de la BBC où la journaliste nigériane Mayeni Jones a levé un coin du voile sur le supposé deal entre BP, Timis coorporation, l’Etat du Sénégal et Aliou sall. Le directeur général de la Caisse des dépôts et consignation est accusé de recevoir un paiement de 250 000 dollars (pots-de-vin) de son ex collaborateur, Frank Timis.
Ce « scandale » a mis le gouvernement sénégalais dans tous ses états. Et les réactions ne se sont pas faites attendre.Les autorités sénégalaises à travers la porte-parole du gouvernement, Ndèye Ticket Ndiaye Diop, ont condamné avec la plus grande énergie les accusations de BBC. La ministre de l’Économie numérique et des Télécoms accuse le média britannique de vouloir ternir l’image du Sénégal et de semer la zizanie dans le pays.
Ce «scandale» n’a pas laissé indifférent la classe politique sénégalaise, les analystes affluant des profanes aux experts dans le domaine du pétrole et du gaz. Le pétrole et le gaz sont au cœur des débats dans les télévisions et radios privés. De ces échanges parfois houleux, certains n’hésitent pas à évoquer la cartographie de la répartition des ressources gazières sur ce bloc GTA.
Si d’aucuns avancent que les ressources sont plus abondantes du côté du Sénégal, d’autres par contre soutiennent le contraire. Les uns et les autres parlant sans preuves. Une situation qui a soulevé la problématique de la gestion du GTA dont les réserves sont évaluées à 450 milliards de mètres cubes.
Les autorités mauritaniennes et sénégalaises ont pris les devants depuis les découvertes en 2015.
En décembre 2018, la Mauritanie et le Sénégal ont finalisé un protocole d’accord visant à gérer d’une manière collégiale ses ressources. Dans cette dynamique, le ministre mauritanien du Pétrole, de l’Energie et des Mines, Mohamed Abdel Vetah ainsi que son homologue sénégalais, Makhtar Cissé, se sont réunis, récemment à Dakar.
Une rencontre entrant dans le cadre de la deuxième réunion, à Dakar, du Comité stratégique du projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA) pour le développement et l’exploitation du gisement de gaz naturel à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie. Pour le ministre mauritanien, les deux États travailleront d’arrache-pied pour que ces ressources puissent avoir des retombées positives aux populations des deux pays.Makhtar Cissé est convaincu qu’il n’y aura pas de malédiction de ces ressources dont les premières productions sont attendues en 2022.
De l’avis de certains analystes, les deux pays gagneraient à jouer la carte de la prudence pour éviter les malédictions du pétrole et du gaz.L’histoire a montré que dans tous les pays africains où il y a eu des découvertes de ces ressources, des tensions ont sévi pour distraire les populations locales. Actuellement, les mafias, les chasseurs de primes, les capitalistes ont les yeux rivés sur les ressources du GTA, considéré comme l’un des plus importants gisements en Afrique de l’ouest.
Les « faucons » n’hésiteront pas à tirer les ficelles en se servant de la religion, de l’ethnicité… pour semer la division .Et ensuite profiter de cette situation pour piller tranquillement nos ressources. Le cas du conflit entre le Cameroun et le Nigeria pour le contrôle de la presqu’île de Bakassi (riche en pétrole) est illustratif. La guerre civile angolaise et j’en passe. Arguments fondés ou pas, prudence demeure de mise pour que ces ressources puissent profiter aux populations où la majorité d’entre eux vivent dans des conditions précaires.
Affaire à suivre !
Ibrahima junior Dia
Source : Les Mauritanies
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