Santé – Les chirurgiens de plus en plus maladroits

Au Royaume-Uni comme aux États-Unis, des médecins ont remarqué une baisse de dextérité chez les apprentis chirurgiens. Une dégradation de la motricité fine qui pourrait s’expliquer par l’utilisation des écrans au détriment d’activités manuelles.

 

Contrairement à ceux qu’ils opèrent, les chirurgiens sont souvent extrêmement habiles. Ou du moins, ils l’étaient. Dans un article publié le 30 mai, le New York Times rapporte les inquiétudes de chirurgiens aguerris qui, des deux côtés de l’Atlantique, voient la dextérité de leurs élèves baisser. Et s’ils peinent à se mettre d’accord sur ce qui cause la maladresse généralisée – mais toute relative – des étudiants chirurgiens, ils s’accordent néanmoins sur un point : les choses ont changé depuis qu’ils étaient eux-mêmes internes.

Un an de moins

“Certains membres du corps professoral mettent cette baisse de dextérité sur le compte des enseignements primaire et secondaire, qui offrent moins de cours pratiques qu’avant – moins de dessin, de peinture, de musique. D’autres montrent du doigt le temps que passent les internes à pianoter sur leurs écrans au détriment d’activités qui développent mieux la motricité fine, comme la menuiserie, les travaux pratiques et la couture”, recense le quotidien.

Également cité comme cause probable du manque d’habileté des jeunes chirurgiens : le droit du travail. Une loi promulguée en 2003 leur a interdit de travailler plus de 80 heures par semaine, avec pour conséquence inattendue d’empêcher les internes de participer aux opérations et de s’entraîner, encore et encore. “On estime que les limitations du temps de travail font perdre à chaque interne l’équivalent d’un an de pratique”, souligne le New York Times.

Du sang partout

Le journal de New York cite la docteure Maria Siemionow, chirurgienne spécialisée dans les greffes. Elle accompagne des internes dans leur formation et a désormais l’œil pour détecter ceux qui ne décrocheront pas leur diplôme : “Ils sont déjà en internat et pourtant ils n’ont pas de bonnes sensations avec leurs mains. Ils sont frustrés, ils sont impatients et il y a du sang partout.”

Maria Siemionow et ses collègues s’interrogent sur le processus de sélection des internes en chirurgie. Le système actuel favorise les connaissances théoriques, aux dépens de la créativité et de la pratique. Pour ces chirurgiens expérimentés, “ce qui compte, c’est la manière de travailler avec les tissus, de réagir et de s’adapter au stress quand on est au bloc opératoire”.

Source : Courrier international (Le 03 mai 2019)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page