La vérité verse des larmes sur notre sol

En 1989, vous étiez en effervescence dans les rues de toutes les villes du pays et en toute piété, en toute pureté et en toute bonne foi le jeûneur tranchait la gorge du jeûneur. Vous avez dit que c’était Maawiya.

 

A voir à voir l’air de certitude scientifique avec laquelle vous avez confié cette accusation aux annales de l’histoire du pays et la cohérence de son enregistrement dans vos thèses nationales et internationales ; on peut conclure que Maawiya était derrière chacun de vous et s’assurait lui-même du nombre de cadavres que vous deviez étendre sur ce sol. Il devait vérifier en ce quatrième jour sacré de Ramadan la quantité et la qualité de ces monstruosités innommables.

C’était bon. Le défoulement satanique s’est bien passé et en bonus, il y avait un responsable, le plus haut responsable dont le dos était assez large pour porter ce lourd fardeau.

Pourtant vu que Muawiya n’avait pas le don d’ubiquité, il est bien difficile de justifier ce gaspillage qui se chiffre à des dizaines de vies humaines. Vous pouviez, quand même vous contenter de tuer cinq, six, dix, quinze ou même une trentaine d’âmes et vous suffire de ce breuvage de sang, vu que vous jeuniez. Et tout le monde sait que vous êtes de fervents fidèles.

Mais non le jeu était plaisant, voluptueux et enivrait ces cochons de cochons qui sommeillaient dans le fond des cœurs. Le mauritanien, comme le sénégalais coupait avec soins et application les carotides de son frère.

La pagaille autorisée et les interdits de Dieu piétinés, en ces jours sacrés de Dieu, excitait la bête immonde jusque-là entravée par une religiosité en effervescence. Cette animalité traitresse qui n’a jamais cessé son bras de fer secret avec la morale et les normes de l’humanité.

Porter la tunique du saint et manier le coupe-coupe du boucher.

Bien sûr qu’aussi bien le chef de l’état mauritanien que celui du Sénégal ont la part du lion dans ces crimes abominables. Bien sûr qu’ils ont lourdement et nonchalamment réagit pour ne pas gêner l’accomplissement du drame.

Bien sûr que ce sont des monstres, qui disposant d’un morceau de pouvoir confié par le Seigneur des mondes, pouvaient arrêter ou atténuer l’ampleur des dégâts.

Qu’ils soient jugés par la CPI, le CP1 ou le CP2…

 Ce n’est pas ce qui m’intéresse aujourd’hui.

Je veux parler de nous : vous moi eux le peuple, les fonctionnaires, les nasséristes, les Flam, le noir, le blanc, les baathistes, les racistes, les masochistes, les criminels, les bouchers, les manipulateurs, les politiciens, les « ethnicistes », les vauriens, le vendeur des siens, le menteur, le hâbleur, le rôle du chien etc.

Je veux parler de ceux qui font de nos décombres, le fumier de leurs concombres.

Ceux qui crient en notre nom pour manger nos actes de naissances.

Je veux parler de ceux qui doivent payer leur triste rôle dans le déchiquètement de cette proie déjà mourante, qui s’appelle Mauritanie.

Dans cette histoire, il y a le chasseur, la proie et le chien chargé de lécher de touiller et de ramener la proie.

Aujourd’hui Sidi Mohamed ould Boubacar, Mohamed ould Ghazwani, ould Moloud, Biram et d’autres figures en potentiel, de bonne ou de mauvaise foi vont essayer de parler d’un changement pratiquement impossible au sein d’un tel carnaval.

Ils vont servir de patères nationales pour accrocher les crasses et les impuretés traditionnelles.

Leur sort est certainement à plaindre.

Je sais que l’enseignement a été saboté et désamorcé, pour laisser libre cours à cette animalisation, qui semble nous coller comme une seconde peau. Mais qu’est-ce que la culture a changé à nos instincts sournois et hypocrites de traiter toute chose en marchandise ?

Qu’avons-nous laissé pour la valeur la décence et la morale ?

N’avons-nous pas appris à adresser à un président les doléances qui relèvent des attributs de Dieu ? Quelle piété !!!!!!

C’est loin tout ça !!!!! Et ce n’est plus une petite chose.

Dans notre pays tous sont ennemis de tous. Ce n’est pas par amour de la tribu qu’on la chante, mais pour l’opportunité qu’elle offre en tant que puissance collective pour accéder à ce qui ne nous appartient pas. Sinon n’a-t-on pas vu des hommes reléguer leurs pères et mères dans les fosses de la misère et qui ne reculent devant aucune dépense « Moubadaratique », pour dévaloriser les valeurs du pays ? Rien que pour le profit.

Quand maitre Moctar ould Daddah avait lancé son « Construisons ensemble la Mauritanie », il ne pouvait savoir que « ensemble » pour ces responsable équivalait à un mets immoral au cours duquel chaque convive se nourrit de la chair du voisin.

« Vivre ensemble » serait plutôt vivre les uns sur les autres.

L’utilisation du terme « service » de l’état, elle-même a été un choix anachronique et une contre vérité pitoyable. Le terme exact devait être « sert-vices ». Une procession au cours de laquelle celui à qui quand on confit une tache, s’en empare pour asservir le citoyen. Nous n’avons jamais quitté cet esprit maitre-esclave, contre lequel nous faisons semblant aujourd’hui de promulguer des lois.

On ne peut échapper aux spasmes de sa nature profonde. Nous sommes un peuple où la priorité des priorités est de dominer son frère, son concitoyen et de profiter à tout prix. Quitte à s’aplatir les fers en l’air, devant n’importe quel gueux de la terre pour paraitre important.

J’en ai personnellement vécu des histoires qui peuvent remplir les veillées jusqu’à la veille du jour de la résurrection.

On ne se mange pas seulement entre partis politiques et politiques tout cours : l’image la plus atroce de cet équilibre infernal est bien cette coalisions de bouches ouvertes, cette multitude de mâchoires puissantes, qui croassent devant une viande maigre d’un peuple, qui n’a plus assez de consistance pour remplir un seule de ces abimes béants et insatiables.

La patrie longtemps tournée et retournée dans la tourbe, ne représente en réalité plus le but majeur de ces boucheries héroïques.

L’enjeu réel était de veiller sur l’élevage de problèmes, devenu le cheptel fructueux, qui « étanche la soif et nourrit les estomacs »

C’est le pourquoi le soleil de la paix ne pourra jamais se lever sur le champ de bataille politico-tribalo-affairo-ethnico-moubadarato-hypocrite de chez nous.

Et ce qui  « a mouillé la boue » un peu plus, c’est cette compétence extraordinaire que nous avons à peintre les choses par la couleur qui nous arrange.

Nous prêtons serment, les mains jointes que la Mauritanie est sur nos têtes et que nous sommes prêts a sacrifier le rare et le précieux pour elle.

Sans se gêner de déclarer devant les autres que nous avons des esclaves et que nous pouvons les vendre pour absoudre les péchés des fauteurs.

Où de présenter son pays partout comme une nation galeuse, qu’il faut mettre en quarantaine pour ne pas souiller l’innocence et la pureté des autres.

L’importateur des idéologies des doctrines et des confessions religieuses, comme si nous n’avions jamais su comment prier correctement.

Les commerçants avec les ressources du pays, engraissant les anatomies d’outremer, quand leurs sœurs et leurs mères crevant d’inanition et de maladies, se bousculent depuis les premières lueurs de l’aube pour un poisson « Yaye-boy » ou pour le squelette d’un « Thiof » dépecé par les chinois afin de ne pas alourdir leurs bateaux de pêche et de  n’emporter que la charge utile.

Il est vrai que les os sont le lot de ceux que leurs enfants ont transformés en chiens pour les autres.

Wallahi malheur à vous de la colère de Dieu.

Celui qui peut vendre un chat mauritanien dans les souks de la honte et parler de sa « chair de poule » devant l’hymne national, est capable de tout faire, de tout vendre…et ce n’est qu’un exemple.

Toute l’élite, toute couleur et toute tendance confondu ne respecte pas le peuple et ne cherche pas son bien-être. Tous sprintent derrière les privilèges et les influences.

Il est temps de le savoir. Il est temps d’essayer de changer et de ne plus écouter ces vendeurs de disputes et de luttes de mauvaise foi qui scrabblent avec l’avenir de la veuve et de l’orphelin dans ce cirque de ventre de sous et de bas ventre.

Il est grand temps de rompre avec cette relation immorale entre ceux qui font et défont et ceux qui se font et se font faire.

Ce n’est dans l’intérêt de personne. Et les premiers à en pâtir seront pour sûr ceux qui pensent en bénéficier et y prospérer.

Gardons notre salive. Rien ne changera, tant que nous n’avons pas changé. Ceci est l’histoire de tous ceux qui ne sont pas dans la politique. Apprenez aux vôtres à respecter leurs personnes et à ne tendre la main qu’à Dieu. Tout ira bien, comme tout est allé bien pour les peuples qui vous entourent.

Un pays qui cultive l’injustice, la flagornerie et le faux, ne peut avancer. En son sein pousseront toutes sortes de mauvaises herbes de mauvaises consciences et de mauvaises âmes.

La fin est difficile ! Tenez-vous le pour dit.

 

Mohamed Hanefi

Koweït

(Reçu à Kassataya le 21 avril 2019)

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