Mauritanie : la diaspora commémore le Manifeste du négro-mauritanien et les déportations

Avril 86 et avril 89. Deux dates dans l’histoire mauritanienne qui symbolisent la publication en 86 du Manifeste du négro-mauritanien opprimé par les FPCex-FLAM et trois ans après les déportations des noirs au Sénégal et au Mali. Pour la diaspora ces deux anniversaires revêtent une double signification, l’ostracisme des cadres noirs ou la répression des noirs et la « dénégrification » de la Mauritanie.

 

En effet l’histoire retiendra qu’en avril 86 les FPC ex-FLAM ont publié le Manifeste du négro-mauritanien opprimé. Il s’agit d’un pamphlet contre le racisme érigé en Etat. Une critique virulente contre les discriminations dans tous les rouages de l’Etat des afro-mauritaniens et des Hratines. Sa diffusion hors des frontières du pays surtout à l’occasion d’un sommet africain provoqua une colère du président Ould Taya. Les cerveaux du premier mouvement de libération africaine en Mauritanie furent arrêtés puis jugés expéditivement avant de connaître les affres de la prison de Oualata où quatre d’entre eux ne reviendront jamais.

Il s’agit de l’écrivain Tène Youssouf Guèye de l’ancien ministre Djigo Tafsir, de Bâ Abdoul Khoudouss et de Bâ Alassane Oumar. Un devoir de mémoire à ces martyrs de première heure des FPC. Et pour la diaspora ce 33ème anniversaire est l’occasion de leur rendre hommage. Plus de trois décennies après ce manifeste les FPC ne sont toujours pas reconnues officiellement malgré de nombreuses pétitions nationales et internationales. Le nouveau parti dirigé par Samba Thiam un des rescapés du Fort mouroir de Oualata continue d’être diabolisé par les autorités de Nouakchott.

Ce document historique de l’intelligentsia afro-mauritanienne est d’autant plus d’actualité au moment même où un colonel Hratin est démis de ses fonctions pour avoir dénoncé le racisme dans l’armée. Cette volonté politique constante d’exclure les noirs partout a atteint son paroxysme en avril 89 suite aux évènements entre le Sénégal et la Mauritanie. L’occasion pour le régime de Ould Taya de déporter plus de 60000 citoyens noirs au Sénégal et au Mali. 30 ans après les réfugiés qui sont rentrés sont devenus des étrangers chez eux. Et à horizon aucun signe de réconciliation nationale.

A l’occasion de ce 30ème anniversaire la diaspora interpelle tous les candidats présidentiels à inclure dans leur programme la poursuite du règlement du passif humanitaire gage de la cohésion sociale et de l’unité nationale.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya 01 avril 2019)

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