Robert Mueller conclut à l’absence de preuve d’une possible entente entre Trump et la Russie. Mais ne se prononce pas sur une entrave à la justice.
RAPPORT MUELLER – À en croire Donald Trump, l’enquête russe est déjà derrière lui. Le président américain s’est empressé, ce dimanche 24 mars, de se féliciter d’être « totalement disculpé » par le procureur spécial Robert Mueller, qui a conclu, dans son rapport tant attendu, à l’absence d’éléments prouvant une entente entre son équipe de campagne et la Russie lors de la présidentielle de 2016.
« Pas de collusion, pas d’obstruction, DISCULPATION complète et totale » a tweeté le locataire de la Maison Blanche, qui dénonçait depuis des mois une « chasse aux sorcières » orchestrée par les démocrates qui n’auraient pas digéré sa victoire-surprise face à Hillary Clinton.
« Disculpation complète », vraiment? Le milliardaire est peut-être passé trop rapidement sur le résumé de l’enquête de Robert Mueller, réalisé et rendu public ce dimanche par le ministre américain de la Justice William Barr, premier destinataire du rapport d’investigation. Car, si le texte conclut effectivement à l’absence de preuve sur une collusion entre son équipe et Moscou en 2016, il laisse, quelques lignes plus loin, la porte ouverte à un autre chef d’accusation: celui d’obstruction à la justice.
« Ce rapport ne le disculpe pas pour autant »
Contrairement à ce qu’écrit Donald Trump dans son tweet, le rapport Mueller ne conclut pas à l’absence d’obstruction. Il ne donne en réalité pas de conclusion définitive sur une possible « entrave à la justice » du président américain, et ne s’exprime pas sur la possibilité que ce dernier ait pu vouloir gêner le travail de la justice dans l’enquête sur la collusion.
Selon les observateurs, les soupçons d’entrave à la justice étaient basés sur des pressions verbales exercées par Donald Trump sur l’ancien ministre de la Justice Jeff Sessions et son adjoint Rod Rosenstein, ou encore sur le fait qu’il a limogé en mai 2017 le chef du FBI James Comey, qui avait refusé de lui prêter allégeance et de mettre fin à de premières investigations sur une éventuelle collusion avec la Russie.
Sur cette question de l’entrave à la justice, Robert Mueller écrit la chose suivante, selon le résumé signé par William Barr: « Tout en ne concluant pas que le président se soit rendu coupable d’un délit, ce rapport ne le disculpe pas pour autant ».
En disant cela, Robert Mueller laisse au ministre de la Justice Barr (nommé par le président) et à son adjoint Rod Rosenstein le soin de décider s’ils considèrent qu’il y a assez d’éléments pour poursuivre le président. Et William Barr a rapidement conclu que le document, qu’il a passé en revue depuis vendredi, ne mentionne aucun délit susceptible d’entraîner à son avis des poursuites judiciaires sur le fondement de l’entrave à la justice.
Les regards sont désormais tournés vers la Chambre des représentants, à majorité démocrate, dont les leaders de l’opposition entendent réclamer la publication du rapport complet, quitte à engager des procédures judiciaires. Ils pourraient alors avoir accès à tous les éléments dont dispose Robert Mueller sur la question de l’obstruction, et qui l’ont poussé à ne pas se prononcer sur ce sujet… et donc à ne pas innocenter Donald Trump.
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