Le paysage présidentiel commence à s’éclaircir avec une candidature cette semaine de l’ancien premier ministre Ould Boubacar après celle de Ould Ghazouani pour la majorité et celle de Ould Abeid président de l’IRA sous l’étiquette SAWAB-IRA. En attendant d’autres candidats, les observateurs se focalisent sur cette troisième candidature soutenue par le parti islamiste Tawassoul qui suscite des interrogations de l’opinion publique.
En effet c’est difficile de comprendre que la première force politique de l’opposition se tourne vers une personnalité indépendante pour la plus haute fonction de l’Etat. Un ancien ministre d’un ancien régime le pire des régimes dans l’histoire du pays celui de Ould Taya qui a déporté plus de 60 000 noirs au Sénégal et au Mali et commis des exactions contre 28 soldats noirs en 91 à Inal au Nord du pays. Pour Tawassoul ce soutien s’inscrit dans une démarche du parti de s’ouvrir vers une large coalition électorale avec toutes les forces du pays y compris donc les forces réactionnaires. Une explication qui semble peu convaincante pour l’opinion publique. Les mauritaniens viennent d’assister à une piètre prestation de l’opposition qui n’est pas arrivé parmi tant de candidatures à en choisir un. Une traduction qu’elle n’est pas prête pour l’alternance. Cette vision de Tawassoul de ratisser large en s’abstenant de se présenter comme candidat apparaît en « fourre-tout » idéologique au sein de l’opposition et à long terme suicidaire politiquement.
En tant que deuxième force du pays avec 10 députés et des mairies et conseillers régionaux sa place est dans le FNDU. Et les observateurs imaginent mal l’accord qui sera signé avec tous les partis soutenant Ould Boubacar autour d’un programme commun. Même si l’habillage est d’inspiration progressiste il n’en demeure pas moins que le candidat est indépendant et jouit d’une expérience sous des régimes autoritaires. La rupture totale avec un système qui date depuis 1960 est un simple vœu pieux. La lutte contre l’esclavage, le racisme et l’exclusion de simples slogans.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 20 mars 2019)
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