Présidentielle : les “zones d’ombre” derrière le prétendu retrait de Bouteflika

Le président algérien de 82 ans a annoncé, lundi 11 mars, ne pas briguer un cinquième mandat et le report de l’élection présidentielle prévue pour le 18 avril. Attention, prévient toutefois le site d’information Tout sur l’Algérie, car le pouvoir garde la main sur la période de transition.

Les Algériens ont enfin eu leur “je vous ai compris”. Bouteflika a annoncé ce lundi 11 mars le report de l’élection présidentielle initialement prévue le 18 avril et son renoncement à briguer un cinquième mandat, dont le rejet a été massivement exprimé par le peuple à travers des marches historiques inédites.

Dans son message rendu public en fin de journée, le président a aussi annoncé l’ouverture “sans délai indu” du chantier de réformes. Ces décisions font suite à la forte mobilisation populaire et Bouteflika reconnaît presque implicitement avoir cédé à la pression soutenue de la rue.

“L’Algérie traverse une étape sensible de son Histoire. Ce 8 mars, pour le troisième vendredi consécutif, d’importantes marches populaires ont eu lieu à travers le pays. J’ai suivi ces développements et, comme je vous l’ai déjà annoncé le 3 de ce mois, je comprends les motivations des nombreux compatriotes qui ont choisi ce mode d’expression dont je tiens, une fois de plus, à saluer le caractère pacifique”, lit-on en préambule du texte.

“Pas de cinquième mandat”

 

Le président Bouteflika propose une version accélérée du processus proposé sans succès il y a une semaine. Le 3 mars il avait sans succès tenté de calmer les manifestants en annonçant l’organisation d’élections présidentielles anticipées en cas de réélection et l’ouverture d’un vaste chantier de réformes. La rue a unanimement rejeté ces propositions et, cinq jours plus tard, le 8, des millions de citoyens ont manifesté à Alger et dans toutes les villes du pays.

“Il n’y aura pas de cinquième mandat et il n’en a jamais été question pour moi, mon état de santé et mon âge ne m’assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l’assise des fondations d’une nouvelle République en tant que cadre du nouveau système algérien que nous appelons de tous nos vœux”, dit-il.

Parallèlement, un nouveau Premier ministre a été désigné. Nouredeine Bedoui replace Ouyahia, dans ce qui s’apparente à une autre concession faite à la rue. Aussi le poste de vice-premier ministre est créé par décret et sera occupé par Ramtane Lamara, qui aura aussi la charge des Affaires étrangères. C’est ce gouvernement, dirigé par des hommes proches de la présidence, qui sera chargé de gérer la transition annoncée.

Qui pour gérer la transition ?

 

Ce sont là les principales annonces faites par la présidence de la République en cette fin de journée. Mais il subsiste beaucoup de zones d’ombre dans le texte présidentiel. À la fin du message, il est clairement indiqué que le président restera jusqu’à l’élection de son successeur.

Je m’engage enfin, si Dieu m’accorde vie et assistance, à remettre les charges et les prérogatives de Président de la République au successeur que le peuple algérien aura librement élu.”

Ce qui signifie qu’il restera en poste au-delà du 18 avril, sans préciser sur quelle base juridique la décision a été prise puisque la constitution ne prévoit pas la prolongation de mandat. Ce qui ressemblerait à la proposition faite en décembre dernier par certains partis de l’Alliance présidentielle, soit le report de l’élection et la prolongation du mandat actuel du président. En résumé, le pouvoir cède sur le cinquième mandat mais garde la main sur la gestion de la transition.

L’idée fut rejetée unanimement par l’opposition. Qu’en pensera-t-elle maintenant ? Et surtout, que pensera la rue maintenant que Bouteflika propose une transition gérée par le pouvoir ?

 

 

Makhlouf Mehenni
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Source : Courrier international

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