Au moment où c’est un général de l’armée qui pourrait succéder à Ould Aziz des chiffres alarmants sur le nettoyage ethnique dans l’armée défraient la chronique cette semaine à Nouakchott. A ce jour la Mauritanie ne compte aucun général afro-mauritanien dans l’armée mais deux généraux Hratines sur les 34 que compte le pays.
Secret de Polichinelle. Les Hratines et les afro-mauritaniens sont considérées par l’Etat mauritanien comme des minorités ethniques depuis l’indépendance. Elles occupent peu de place dans l’administration du pays. Après plus demi-siècle, cette discrimination est encore plus visible dans les forces armées du pays où il n’existe pas de général afro-mauritanien mais seulement deux généraux Hratines. Et pourtant dans l’armée il existe plusieurs colonels comme dans la gendarmerie où ils sont 9 à attendre des avancements qui tardent à venir. Sur 34 généraux que compte la Mauritanie le constat est alarmant. Les grades les plus élevés sont l’apanage de la communauté arabo-berbère. Ces chiffres sur le nettoyage ethnique parlent d’eux-mêmes.
Dans un contexte où le pouvoir clame tout combattre le racisme cette pratique discriminatoire est une grave atteinte à l’unité nationale et à la cohésion sociale. Ce régime d’Etat raciste ne date pas d’aujourd’hui. Il remonte à partir de 84 avec le coup d’Etat de Ould Taya avant d’atteindre son paroxysme avec l’élection de Ould Aziz en 2009. Les polémiques récentes sur les naufragés du Guidimaka sans une moindre compassion du gouvernement envers les familles des victimes sont troublantes. Le moins qu’on puisse dire ce silence qui perdure interpelle les observateurs et surtout l’opposition mauritanienne à quelques mois de la passation du pouvoir d’un général probablement à un autre général de l’armée. L’espoir est mince pour rétablir l’équilibre des forces ethniques en Mauritanie. La justice c’est tout l’enjeu du scrutin de juin prochain.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 03 février 2019)
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