Présidentielles Mauritanie : Ould Ghazouani ou le changement dans la continuité du régime autoritaire en perspective

La désignation du ministre de la défense Ould Ghazouani comme candidat de la majorité en juin prochain est considérée par les observateurs comme une simple passation de pouvoir entre deux ex-généraux de l’armée. Une vieille recette issue de l’héritage des régimes autoritaires sous le vernis démocratique. Les observateurs craignent que ce plan machiavélique soit confirmé par les urnes en juin prochain.

Le troisième mandat de Ould Aziz réclamé à tort par la majorité aura été le voile permanent qui cachait le dauphin désigné du président mauritanien depuis sa réélection en 2014. Un scénario qu’il avait lui-même élaboré dans le plus grand secret. Au-delà de cette mise en scène ce plan machiavélique fait du tort aux mauritaniens qui aspirent au changement et à la modernité politique, économique et sociale. Si les urnes confirment cette passation de pouvoir d’un général à un autre général de l’armée la Mauritanie ne sort pas de l’impasse actuelle de l’établissement d’un Etat de droit fondé sur le respect de la constitution, des libertés et de la citoyenneté. Et les Hratines et afro-mauritaniens qui constituent la majorité de la population attendront encore un quinquennat voire deux passés sous le nez l’impunité des criminels de l’armée contre les noirs sous le régime de Ould Taya. Les veuves et les orphelins des 28 soldats noirs assassinés à Inal en 91 vont espérer que les plaintes internationales dans les tribunaux belges et français aboutissent. Et les lobby de l’esclavage pourront tranquillement vaquer à leurs occupations sans être inquiétés par la justice.

L’alternance démocratique c’est sans aucun doute le défi le plus important à relever par l’opposition mauritanienne pour qu’on en arrive pas là. Les observateurs attendent toujours son candidat unique apparemment plus difficile que les chefs des 11 partis ne le pensaient. C’est la candidature du président de l’IRA sous les couleurs de SAWAB qui poursuit son petit bonhomme de chemin. Ould Abeid semble retrouver la forme après ses 5 mois derrière les barreaux comme s’il voulait rattraper son retard surtout à l’assemblée nationale où il se fait remarquer par des diatribes contre le gouvernement. Et le leader Hratin ne rate pas non plus l’occasion de qualifier la candidature du ministre de la défense de continuité du pouvoir militaire.

 

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 31 janvier 2019)

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