Présidentielles Mauritanie : la réconciliation nationale, enjeu principal de l’opposition

Les élections présidentielles d’avril prochain sont très attendues par les mauritaniens. C’est le dernier scrutin après les élections de septembre dernier où le chef de l’Etat sortant Ould Aziz ne briguera pas un troisième mandat. En attendant que l’opposition dévoile son candidat unique et son programme pour les observateurs l’enjeu principal des prochaines élections c’est la réconciliation nationale.

 Dans un pays dont le régime est resté militaire depuis 78 sous un vernis démocratique les mauritaniens attendent plus une alternance démocratique. Dans un contexte de tensions ethniques aggravées depuis plus d’un mois par une politisation de la haine et de l’extrémisme par le pouvoir l’opposition est appelée à saisir sa chance historique. Dans cette perspective les observateurs attendent avec beaucoup d’impatience que l’opposition dévoile son candidat et la nature de son programme.

Cette course à la Maison brune qu’elle dispute avec la majorité s’annonce comme une grande guerre après avoir perdu les 3 batailles législatives municipales et régionales de septembre dernier. Incontestablement c’est la cohabitation qui sera le principal cheval de bataille du programme commun de l’opposition. 30 ans après les déportations de plus de 60000 noirs au Sénégal et au Mali en 89 et 28 ans après les massacres de 28 soldats noirs sous le régime de Ould Taya et enfin plus d’un demi-siècle de séquelles de l’esclavage, les frustrations ne semblent pas apaisées. Le régime de Ould Aziz a tourné définitivement le dos à la réconciliation nationale au point que les mauritaniens ne se parlent plus et ruminent de la haine depuis 10 ans. Les récents appels à la haine sur les réseaux sociaux relayés par les médias publics et privés nationaux sont significatifs à cet égard. Et la politisation de cette fracture ethnique par le pouvoir exacerbe l’opinion publique et par conséquent dicte aujourd’hui l’opposition à faire de la réconciliation nationale la priorité des priorités. C’est déjà le sentiment de l’UFP l’un des principaux partis de l’opposition dont le président est pressenti par les observateurs comme le candidat naturel.

Un autre enjeu très important pour la stabilité politique dans un pays dirigé par les militaires depuis plus de 40 ans c’est le rétablissement de l’Etat de droit fondé sur le respect des institutions de la citoyenneté et des libertés, bafoué pendant 10 ans par Ould Aziz. Incontestablement face à l’état de dégradation avancée du pays les enjeux économiques sont tout aussi importants. Le prochain locataire du palais de Nouakchott aura du mal à redresser un pays qui croule sur des dettes en particulier la dette publique qui avoisine les 100 pour cent du PIB et une moitié de sa population qui vit au seuil de la pauvreté au bord de la famine à cause de l’enrichissement de son élite représentée par l’oligarchie militaire et les caciques du pouvoir. En clair le prochain président devra s’attaquer au triptyque fracture ethnique, fracture sociale et fracture économique.

 

 

 

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 25 janvier 2019)

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