Enseignement privé : Les écoles privées en Mauritanie: une solution de rechange au système public

Il ne fait aucun doute qu’une très bonne éducation est essentielle à la réussite au XXIe siècle. Un diplôme d’école secondaire réduit considérablement le risque de connaître un faible revenu et le chômage. Le rôle déterminant que joue l’éducation dans la réussite future d’un enfant et sa contribution à la société explique l’importance accordée par les parents et les gouvernements non seulement à l’efficacité du système d’éducation, mais à son dynamisme.

En Mauritanie, l’enseignement privé a été institutionnalisé dans le cadre de la politique de libéralisation poursuivie par l’Etat à partir du début des années 80 (ordonnance n° 81-212 du 24/09/1981, détaillée par des décrets d’application).

Depuis lors, l’enseignement privé, au plan quantitatif, joue un rôle capital pour complémenter ou suppléer à l’offre éducative dans les différentes zones du pays, surtout dans les grands centres urbains où le poids démographique exerce une forte pression sur les services sociaux de base dont l’éducation (à titre d’exemple, Nouakchott abrite à elle seule 958 399 habitants, soit 27,09% de la population totale du pays, selon le RGPH 2013).

Au plan qualitatif, le privé constitue par ses performances relatives un stimulus pour une saine émulation au sein du système éducatif (d’où la création d’écoles d’excellence dans le public…).

Fonctions objectives de l’école privée

Si l’analyse des discours des différents acteurs de l’école privée permet d’approcher les processus de transformation qui la « travaillent », l’étude des fonctions objectives qu’elle accomplit d’ores et déjà devrait nous permettre de saisir d’une manière plus explicite les mécanismes de constitution d’un service privé d’enseignement et la signification de cette mise en place par l’Etat d’une double organisation scolaire. Pour cela, il nous faut montrer la place qu’occupe l’école privée dans l’ensemble de l’appareil scolaire, décrire son organisation propre, analyser les différentes fonctions qu’elle accomplit dans le moment et saisir le sens des changements qui l’ont affectée dans ces divers aspects (au moins dans les dix dernières années).-

Avant de procéder à leur analyse, il importe de souligner, ici, que l’enseignement privé connait des problèmes importants ces dix dernières années par manque de financement par l’Etat. Son financement par l’Etat lui permettrait une rénovation nécessaire sur le plan matériel et pédagogique.

L’école privée a été et reste encore un facteur important de changement de l’institution scolaire. Bien qu’étant au cœur de la « querelle scolaire », l’école privée n’a fait l’objet, que de rares études, aux orientations disciplinaires et théories diverses.

 

LOGO DU SYNDICAT DES PROMOTEURS DE LENSEIGNEMENT PRIVE

 

Une note sur l’enseignement privé en Mauritanie présentée à la mission de la banque mondiale en visite dans notre paysavance que les écoles privées ne présentent pas seulement une plus grande efficacité, mais ont, pour des niveaux scolaires et revenus des parents comparables, un effet moins discriminant que les écoles publiques sur les résultats des enfants des milieux sociaux modestes. L’école privée apparait ainsi plus égalitaire car elle produit des résultats plus homogènes en son sein, malgré des origines sociales diverses.

Dans bien des études, il apparaît que l’élève type scolarisé dans l’enseignement privé est plus performant que son homologue dans l’enseignement public. Cet « avantage » de la scolarisation dans l’enseignement privé s’illustre dans les résultats des concours nationaux.

 

Au plan des scolarisations

L’Annuaire des Statistiques Scolaires 2013/2014 du MEN fait état, au niveau national, d’une scolarisation au fondamental de 87370 élèves dans le privé sur 592249, soit une participation de 14,75 %. À Nouakchott et Nouadhibou, cette participation est bien plus importante : 45,48 % à Nouakchott et 33,66% à Nouadhibou.

Au secondaire, comme l’illustre le tableau ci après, près de 30 % des effectifs élèves évoluent dans les établissements privés, une proportion qui s’élève à 50,70 % à Nouakchott.

Tableau statistique de répartition

 

Par rapport au mode de fonctionnement des structures pédagogiques agissant sur la qualité, notons que 42,74% des élèves du public évoluent au fondamental en mode multigrade contre 4,63% chez le Privé ; par rapport au double-flux le pourcentage est respectivement de 2,16 % et 0,71 %.

Récemment, l’étude réalisée en 2015 par François Robert et ses collaborateurs dans le cadre de « l’évaluation du plan d’action triennale 2012 – 2014 » souligne (P 20) sur la base des statistiques humaines qu’ «entre 2010-2014, les écoles fondamentales ont vu croître leurs effectifs de 60 866 enfants. Parmi ces enfants supplémentaires, 60 % sont inscrits dans le privé. Les effectifs du public ont augmenté de 5 % en cinq ans (moins que la croissance de la population scolarisable), ceux du privé de 60,81 %. Les effectifs du privé croissent 12 fois plus vite que ceux des public ».

Au secondaire, l’étude précise que « les écarts de croissance sont moins frappants, mais ce sont tout de même 50 % des élèves supplémentaires qui sont inscrits dans le privé, dont le poids est aujourd’hui de 50,70 % à Nouakchott et de 44,89 % à Nouadhibou ».

Au plan des résultats scolaires

Les résultats du baccalauréat, session 2014, publiés par la Direction des examens du MEN montrent que les performances du privé sont globalement meilleures que celles du public, avec un taux d’admission de 8,91% en lettres originelles (LO), 5,94% en sciences naturelles (SN) et 22,12% en mathématiques (M), contre respectivement 2,03 %, 2,79 % et 16,25 % pour le public.

Les résultats de la dernière session du BAC (2016) abondent dans le même sens, avec un taux global d’admission au privé des 18,61 % contre 11,74 % dans les établissements publics, ce que confirment les différentes séries :

Ces acquis réalisés dans un contexte d’évolution difficile traduisent le dynamisme des opérateurs intervenant dans le domaine de l’enseignement privé, un sous secteur qui n’a bénéficié que très peu de la dynamique engagée par les pouvoirs publics au niveau du PNDSE pour la mise en œuvre de la réforme de 1999.

Interventions en faveur du privé dans le cadre du PNDSE

Dans le cadre de la mise en œuvre du PNDSEI, l’intégration des efforts du secteur privé dans le développement de l’offre scolaire était recherchée au moyen de mesures d’appuis publics à ce sous secteur, avec notamment la mise en place d’infrastructures pouvant abriter un centre de formation, la création d’un fonds dont ont bénéficiées quelques dizaines d’institutions scolaires privées, en plus de la création d’une direction centrale chargée du Privé.

Dans le PNDSE II (2011-2020), les actions envisagées concernent : (a) l’instauration d’un cadre juridique et institutionnel, (b) la création d’un fonds d’appui aux écoles privées et (c) la mise en place d’un dispositif de suivi. Mais, ces actions tardent à se matérialiser, s’ajoutant ainsi aux multiples promesses déjà faites aux opérateurs du secteur afin d’atténuer les multiples contraintes auxquelles ils sont confrontés.

Quelques contraintes

Sans aller dans les détails, notons parmi les principales contraintes qui handicapent sérieusement la promotion de l’enseignement privé en Mauritanie :

  • l’absence d’un cadre normatif pour le sous secteur, avec des normes et des critères arrêtés en concertation avec le privé et scrupuleusement respectés ;
  • l’absence d’enseignants formés exclusivement pour le privé, ce qui contribuerait à la résorption du chômage des jeunes et permettrait, à terme, au sous secteur d’être autonome en personnel. Comme réitéré à plusieurs reprises, le GIE privé pourra procéder sans délai à l’organisation de telles formations, dès l’approbation des pouvoirs publics ;
  • l’exiguïté des immeubles abritant la plupart des écoles et établissements privés ; l’octroi d’une zone appropriée pour la construction de complexes éducatifs privés serait la solution escomptée dans ce domaine ;
  • l’inexistence de garantie de la part de l’Etat ou d’autres partenaires pour encourager les banques à accorder des prêts préférentiels aux établissements scolaires privés.

 

En effet, comme le souligne l’étude réalisée en 2013 par l’AFD sur « l’enseignement privé en Afrique subsaharienne : enjeux, situations et perspectives de partenariats public- privé » (P 11) «en collaboration avec leurs partenaires locaux et internationaux, les ministères de l’Éducation des pays d’Afrique subsaharienne devraient moderniser les politiques publiques relatives au secteur privé, créer un environnement financier favorable, structurer et renforcer l’action des opérateurs privés, et tenter enfin d’instaurer un cadre de partenariat entre l’État, les banques, les opérateurs privés et les ménages »

 

 

Avec l’aide et l’appui des partenaires au développement, l’atteinte des objectifs de scolarisation universelle, les enjeux liés au développement de l’enseignement post-primaire, la qualité et la pertinence des enseignements, ainsi que la soutenabilité des projets et programmes éducatifs peuvent beaucoup bénéficier d’un meilleur partenariat public- privé.

Les changements effectués dans le statut de l’école ne sauraient être considérés isolément de ceux concernant la réorganisation de l’enseignement de façon générale. Les divers aspects de la politique scolaire expriment un processus d’élaboration d’un type nouveau d’enseignement. La reconnaissance de l’école privée n’est plus alors une reconnaissance de fait fondée sur la tolérance, mais une reconnaissance de droit d’un « service privé d’utilité générale » ayant une «valeur sociale» résultant de sa «collaboration à l’Education Nationale», et par voie de conséquence, nécessitant son subventionnement par l’Etat.  L’enseignement privé constitue donc un appoint indispensable à l’œuvre éducative de l’Etat : il gère une partie importante du service public d’enseignement.

 

 

Alioune Cire BA

 

Source : Initiatives News 

 

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