Mauritanie : les lois contre les discriminations dans le collimateur de Human Right Watch

Les lois sur la cybercriminalité, l’apostasie et la diffamation votées en 2017 par les députés mauritaniens sont au cœur du rapport 2019 de Human Right Watch. L’ONG américaine revient à la charge pour appeler à une réforme urgente du code pénal mauritanien source de tensions ethniques dans ce pays.

C’est un rapport 2019 qui vient à point nommé dans un contexte politique tendu entretenu par un pouvoir qui a longtemps minimisé l’esclavage et la discrimination ethnique. En voulant parler aujourd’hui de l’unité nationale et de la cohésion sociale le régime de Ould Aziz se met hors-jeu tout seul. Les discours haineux depuis plus d’un mois sur les réseaux sociaux et relayés par les médias nationaux sont très significatifs à cet égard. Ces tensions ethniques sont dues en grande partie depuis 2017 par l’adoption de lois contre les discriminations qui stigmatisent en particulier les Haratines qui représentent aujourd’hui près de 40 pour cent de la population et les afro-mauritaniens près de 30 pourcent de la population.

Ce sont ces lois répressives qui sont au coeur d’un rapport de Human Right Watch qui demande l’abrogation purement et simplement de cet arsenal juridique qui vise les défenseurs des droits de l’homme, les activistes, les blogueurs et les dissidents politiques. L’ONG américaine appelle d’ailleurs à une réforme urgente du code pénal pour apaiser le pays. Ce n’est pas la première fois que cette association internationale lance un cri d’alarme aux autorités de Nouakchott comme en témoignent plusieurs affaires dont le blogueur mauritanien  MKeitir condamné à mort pour apostasie en 2014 toujours en résidence surveillée, l’activiste Ould Yali en détention préventive depuis janvier 2018, l’ancien sénateur Ould Ghadda derrière les barreaux sur la base d’accusation de corruption et enfin le député Ould Abeid condamné à 6 mois dans une affaire de diffamation. Le dénominateur commun de toutes ces affaires c’est l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 22 janvier 2019)

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