Incontestablement c’est la mise en liberté de l’ancien président ivoirien et de son poulain par la cour pénale internationale (CPI) qui défraie la chronique cette semaine dans le monde et particulièrement en Afrique. Une seconde gifle à la procureure Fatou Bensouda, un pied de nez à la France et au président Ouattara qui avaient plus ou moins contribué à leurs arrestations. Un retour du patriote Gbagbo au bercail qui s’annonce triomphal à deux ans des présidentielles ivoiriennes.
Les ivoiriens ne sont pas amnésiques. Ils se souviennent encore de ce second tour des présidentielles de 2010 qui opposait le président sortant Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara. Les résultats sortis des urnes sont contestés par les deux candidats chacun proclamant de son côté la victoire sur fond de fraudes électorales. Laurent Gbagbo étant reconnu par le conseil constitutionnel et Alassane Ouattara par la commission électorale indépendante et la communauté internationale. A partir de ce moment les deux hommes engagent la grande bataille d’Abidjan entre milices interposées.
La suite de cette crise post-électorale des milliers de morts et disparus. Le président sortant est arrêté en avril 2011 grâce à l’appui des forces françaises de la Licorne et des casques bleus et Alassane Ouattara est proclamé chef de l’Etat par le conseil constitutionnel. C’est le perdant qui va être conduit à la Haye accusé de crimes contre l’humanité. 8 ans de procès qui ont finalement abouti à l’acquittement. Une seconde gifle pour la procureure Fatou Bensouda qui avait déployé tous les arguments pour la condamnation en particulier de l’accusé et pour la CPI après l’ancien vice-président congolais Bemba acquitté en 2011 alors qu’il avait été condamné à 18 ans de prison pour des crimes commis par sa milice en Centrafrique entre 2002 et 2003.
C’est également un pied de nez à la France et les Nations-Unies qui avaient permis à l’actuel président ivoirien de prendre le dessus militairement et de faciliter l’arrestation de Gbagbo voire le mandat d’arrêt international. Un camouflet pour le chef de l’Etat de la Côte d’Ivoire qui avait misé sur ce procés pour se laver de tout soupçon sur les exactions commises contre les civils et les militaires dans le pays. C’est enfin une mauvaise nouvelle pour la CEDEAO et l’UA qui avaient soutenu Ouattara. Décidemment la CPI a du mal avec les dirigeants africains accusés de crimes contre l’humanité dont beaucoup ne sont toujours pas inquiétés par la justice de leur pays. Par exemple le mandat d’arrêt international contre le président soudanais El-Béchir n’a toujours pas abouti. C’est une page qui vient de se fermer pour l’ancien président ivoirien et une autre qui s’ouvre. Gbagbo n’a pas fini avec la politique. C’est un patriote et un combattant de la liberté qui n’a pas fini de surprendre les observateurs. Le vrai défi reste à venir quand il va rentrer au bercail à deux ans des présidentielles.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 16 janvier 2019)
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