Le président mauritanien Ould Aziz est attendu le 15 janvier prochain à Damas. Une visite officielle la seconde d’un chef d’Etat africain en Syrie après celle du président soudanais Omar El-Bechir depuis 2011. Ce déplacement est considéré par les observateurs comme une nouvelle carte à jouer dans le puzzle syrien pour lutter contre l’armée libre de la Syrie dont certains combattants sont soupçonnés de passer par la Mauritanie.
Les ressemblances entre la Mauritanie et le Soudan sont tellement frappantes au point que les observateurs qualifient Ould Aziz et Omar El-Béchir de frères jumeaux même dans leur gouvernance. Le premier est accusé de génocide biométrique qui prive ainsi de milliers de noirs leur identité mauritanienne et le second d’un génocide milliers de soudanais au Darfour. Se proclamant arabe le président mauritanien a exclu une cohabitation entre ses différentes composantes nationales tout en gardant le silence sur le génocide des noirs de 89 à 93 et son homologue soudanais s’est séparé de sa partie Sud suite à une guerre de Sécession. Et voilà que sur la scène internationale El Béchir est poursuivi pour crimes de guerre par la cour internationale de justice.
Ce qui ne l’empêche pas d’être le premier chef d’Etat africain à effectuer en 2018 une visite officielle en Syrie depuis le début de la guerre en 2011. Et dans plus d’une semaine le président mauritanien va fouler le sol syrien pour deux jours. Khartoum et Nouakchott n’ont pas coupé les ponts malgré le boycott de nombreux pays arabes du golfe et du Maghreb. Les deux chefs d’Etat ne sont pas indifférents à la dictature du président Assad. Qui se rassemble s’assemble.
Cette visite officielle vient à point nommé pour Ould Aziz dont le pays est soupçonné d’avoir laissé passer sur son territoire des combattants de l’armée libre de la Syrie. Dans un contexte où Daech, Etat islamique a perdu la bataille contre les occidentaux la Mauritanie et le Soudan le Niger et le Mali sont sollicités par ces fuyards pour déstabiliser les forces syriennes. Les bonnes relations avec Al Qaïda ont permis à Ould Aziz d’échapper aux frappes des terroristes islamistes et de devenir un leader du G5 Sahel au point d’être récompensé par le prix 2018 Mandela pour la paix et la sécurité. Une excellente carte de visite pour jouer la carte sécuritaire.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 07 janvier 2019)
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