Les théories du complot fleurissent après l’attentat de Strasbourg

Des groupes Facebook se réclamant des «gilets jaunes» accusent le gouvernement français de faire diversion pour détourner l’attention du mouvement.

Un attentat qui tombe à point nommé pour détourner l’attention du mouvement des «gilets jaunes», voire pour justifier sa répression: ce discours a rapidement fait florès sur les réseaux sociaux après l’attentat qui a endeuillé Strasbourg mardi soir.

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Un petit florilège compilé par BFM TV donne la tonalité de ces réactions complotistes: «Allez, un petit attentat pour mettre fin aux gilets jaunes, très fort ce Macron», «et voilà, comme par hasard, juste avant l’acte V un petit attentat pour calmer les moutons, RIP aux innocents», «ça pue le complot ça», «c’est bizarre on entendait plus les attentats là on parle que de nous les gilets et comme par hasard un attentat à Strasbourg».

 

Parmi les arguments utilisés figurent plusieurs tweets des autorités françaises, dont les heures de publication semblent antérieures à la survenance de l’attentat, mardi à 19h50. L’AFP et d’autres médias établis ont rappelé que les heures de publication affichées peuvent varier selon les réglages de chaque utilisateur, ce qui expliquerait cette incohérence.

 

L’une des figures de proue des «gilets jaunes» sur Facebook, Maxime Nicolle alias «Fly Rider», a été contrainte à plusieurs mises au point après avoir attribué l’attentat à un «fou» qui aurait curieusement mal choisi son moment pour passer à l’acte: «Dites-vous bien que le mec qui veut faire un attentat vraiment, il attend pas qu’il y ait 3 personnes dans la rue le soir à 20h00», avait-il déclaré mardi soir. Des propos ensuite effacés, qui auraient selon lui été «sortis de leur contexte» par les médias.

L’attentat de Strasbourg a été attribué par les autorités françaises à un délinquant islamiste radicalisé de 29 ans, Chérif Chekatt.

En réaction aux thèses complotistes, le groupe Facebook La France en colère, qui compte parmi ses membres certains initiateurs du mouvement, a suspendu mardi soir ses commentaires en évoquant une «situation particulière», rapporte l’AFP.

Patrick, «gilet jaune» strasbourgeois, ne peut lui-même réprimer quelques doutes. «C’est un coup monté. On avait prévu de bloquer le Parlement européen (…) et comme par hasard ça a pété» mardi soir, a-t-il dit à l’AFP.

Dénoncées par le gouvernement, ces thèses conspirationnistes sont également combattues par des «gilets jaunes» qui craignent d’être discrédités. «C’est une pensée marginale dans le mouvement», assure Claude Rambour, 42 ans, membre des «Gaulois de Calais».

«Depuis l’attentat de Strasbourg, on entend n’importe quoi.  C’est malheureux ça va trop loin. On ne peut pas mettre le gouvernement en tort pour une telle tragédie», soutient Florence Lavenu, une femme de ménage très investie dans le mouvement à Saint-Beauzire, près de Clermont-Ferrand. «Des gens ont perdu des membres de leur famille».

 

 

Sylvain Besson

 

Source : Le Temps (Suisse)

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