“Gilets jaunes” : Les cadeaux de “Santa Macron” vont-ils apaiser le mouvement ? se demande la presse internationale

Les médias étrangers ont noté un changement de ton du président de la République lors de son adresse à la nation lundi. Mais les mesures annoncées, telle que la hausse du Smic, ne suffiront pas forcément à calmer la colère des “gilets jaunes”, estiment de nombreux titres de la presse internationale.

 

“Après des semaines de troubles, tous les yeux étaient braqués sur le président français, Emmanuel Macron”, constate le Los Angeles Times. Pas qu’en France. Lundi soir, les analyses du discours du chef de l’État diffusé à 20 heures se retrouvaient sur tous les sites d’information de la planète.

Face aux “gilets jaunes”, Emmanuel Macron a enfilé un manteau rouge et blanc, insistent plusieurs médias étrangers. “Le père Noël est arrivé en avance pour des millions de Français”, peut-on lire sur le site Politico, qui parle de “Santa Macron” en référence aux mesures annoncées, notamment une hausse mensuelle du Smic de 100 euros ou la défiscalisation des heures supplémentaires.

“Le 1er janvier, il y aura des cadeaux en argent en France”, résume le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais ces mesures vont coûter cher, prévient Politico. Alors maintenir le déficit budgétaire à moins de 3 % du PIB comme l’exige l’Union européenne risque d’être compliqué. “Les leaders populistes italiens, qui ont défié ouvertement Bruxelles avec un budget en hausse pour 2019, doivent bien rigoler”, souligne le site.

Pour la BBC, Emmanuel Macron n’avait tout simplement “pas le choix” face à des “gilets jaunes” qui ne voulaient pas “de promesses de politiciens” mais “de l’argent dans leur poche, un changement tangible dans leur vie quotidienne appauvrie”. La chaîne britannique note que les concessions obtenues font du mouvement social “l’un des plus efficaces des temps modernes”. Après tout, en quatre semaines, les “gilets jaunes” “ont forcé une réorientation totale de la politique économique et sociale française”.

La Libre Belgique ne va pas aussi loin, évoquant plutôt un “mea culpa” du président français, obligé de lâcher “du lest pour désamorcer la colère”. Le quotidien de Bruxelles a remarqué que lors de cette intervention enregistrée d’une durée de treize minutes, “le ton de la voix lui-même se voulait plus calme, moins sûr de soi qu’à l’accoutumée”.

Enjeu européen

 

El Mundo a vu dans l’exercice une forme de confession de la part d’un homme “solennel, direct et humble”. Il fallait s’éloigner de cette image de président “détaché des problèmes des gens ordinaires”, estime le Washington Post, sachant que la crise actuelle a justement été déclenchée “en partie par le langage”.

El País précise par exemple que le discours ne contenait pas “les citations littéraires ni les réalités baroques” que M. Macron “affectionne tant”, y percevant “un geste d’humilité, une tentative de renouer des liens avec les Français”. Pour le quotidien espagnol, cette intervention d’un homme qui “s’est entouré de jeunes technocrates” et “a méprisé les vieux partis et syndicats” à son arrivée au pouvoir peut être interprétée “comme une lettre d’amour”.

La réponse à Emmanuel Macron ne sera peut-être pas celle espérée, suggère le New York Times, assurant que les propositions avancées lundi ont déçu nombre de ces Français mécontents. “Pas sûr que les “gilets jaunes”, dont il est devenu la bête noire et la cible de toutes les critiques, aient envie de l’aider à refonder son quinquennat”, se demande d’ailleurs Le Temps.

“Le quinquennat, lancé à toute allure sur une trajectoire libérale, prend un sérieux virage vers une ligne plus protectrice”, observe Le Soir. Le quotidien belge mentionne “la mine fatiguée” d’un politicien qui cherche malgré tout à “sauver le chantier de la réforme des retraites et de l’assurance-chômage”. Comment ? En essayant de convaincre l’opinion plutôt que les “gilets jaunes”. “Cette opinion qui soutient toujours le mouvement, mais dont le décrochage permettrait d’envisager enfin une issue à la crise en évitant [au président] d’avoir à pousser sur le bouton nucléaire : la dissolution de l’Assemblée nationale”, conclut Le Soir.

The Guardian souhaite que le président français parvienne à convaincre son pays. Car, entre le crépuscule d’Angela Merkel et les effets du Brexit, les enjeux du moment dépassent largement l’Hexagone : “Quatre mois avant les élections européennes, qui pourraient voir une poussée des nationalistes, un Macron affaibli à la tête d’une France chaotique et insurrectionnelle est la dernière chose dont l’Europe a besoin.”

Source : Courrier international

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