
Sur un continent habitué aux mouvements de colère comme aux ingérences françaises, les internautes observent les événements avec une pointe de dérision.
Dakar, Bamako, Tunis ou Abidjan… Les images de la France insurgée – les fameux « gilets jaunes » – tournent en boucle sur les réseaux sociaux africains. Images et commentaires qu’Edith Brou observe depuis la Côte d’Ivoire, où elle est installée. Pour cette figure de la blogosphère ouest-africaine, collaboratrice du Monde Afrique, « le soutien aux manifestants n’est pas totalement acquis ». Selon son analyse des réseaux, les internautes estiment que « les Français se plaignent pour peu alors qu’ils vivent dans un environnement où la plupart des conditions sont réunies, quand les Africains vivent des réalités quotidiennes beaucoup plus difficiles ».
La situation française suscite même parfois une pointe de crainte, qu’elle observe sous la plume d’un professeur d’université ivoirien pour qui « la réussite de la mobilisation grâce aux réseaux sociaux est un potentiel danger pour nous en Afrique ». « Nos chefs d’Etat vont visser encore plus l’accès aux réseaux sociaux pour étouffer toute possibilité d’expression en dehors des voies classiques », écrit-il.
La situation en France est inquiétante!
De même, à Ouagadougou, une directrice d’agence de communication manifeste un sentiment d’étonnement à l’idée que « ceux qui veulent nous corriger et nous surveiller ne sont pas du tout en mesure de le faire chez eux ».
« C’est fini Paris »
A Tunis aussi, cet épisode est replacé dans une perspective historique et réveille quelques rancœurs. Une partie des Tunisiens gardent en effet une certaine amertume de la couverture des attentats de 2015 au Bardo, à Sousse et à Tunis par les médias étrangers, notamment français, à qui ils reprochaient d’être trop alarmistes. « C’est fini Paris », ont publié certains internautes, avec en arrière-plan des images de pneus brûlés sur les Champs-Elysées. Une référence au titre d’un article de Libération en 2015, « C’est fini la Tunisie, c’est fini le tourisme », qui avait fait polémique (il s’agissait en réalité d’une citation d’un guide touristique local).
D’autres internautes renvoient eux à 2011, lorsque Michèle Alliot-Marie, alors ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, avait proposé de fournir au gouvernement de Ben Ali le savoir-faire de la France en matière de maintien de l’ordre. Et proposent à leur tour l’expertise tunisienne en matière de répression des manifestations… Par ailleurs, dans les palais de plusieurs capitales africaines, certains s’étonnent de la « mollesse » des autorités : « En France, vous n’avez ni armée, ni police pour dégager tout ça ? Qu’ils rafalent ces imbéciles et tout rentrera dans l’ordre », propose ainsi un conseiller d’un président ami de Paris.
D’autres internautes renvoient eux à 2011, lorsque Michèle Alliot-Marie, alors ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, avait proposé de fournir au gouvernement de Ben Ali le savoir-faire de la France en matière de maintien de l’ordre. Et proposent à leur tour l’expertise tunisienne en matière de répression des manifestations… Par ailleurs, dans les palais de plusieurs capitales africaines, certains s’étonnent de la « mollesse » des autorités : « En France, vous n’avez ni armée, ni police pour dégager tout ça ? Qu’ils rafalent ces imbéciles et tout rentrera dans l’ordre », propose ainsi un conseiller d’un président ami de Paris.
Appelons les choses par leur nom et sortons du politiquement correct.Ce qui se passe en France n’est pas le mouvem des #GiletsJaunes, mais c’est bel et bien LES EMEUTES DE LA FAIM,ceux là mêmes qui furent désignés en AFRIQUE sous ce vocable il y a quelques mois
Et un internaute camerounais, Cabrol Bamou, doctorant en philosophie politique à l’université de Dschang, de rappeler, via le compte WhatsApp du Monde Afrique, qu’« il ne serait pas excessif de dire que le peuple de France parle à l’Afrique » et qu’« il importe que l’Afrique tire les leçons de cette crise. Pour les politiques : qu’ils sachent que le peuple n’est jamais acquis définitivement, qu’il n’est morose et terne que de manière sporadique. […] Au peuple africain : il importe de savoir qu’un mouvement peut se mettre sur pied sans avoir besoin de l’onction d’une quelconque élite. Il importe pour les Africains de savoir que la cause commune est largement supérieure aux petits arrangements réduits à notre stricte individualité. »
Et pour terminer sur une note musicale, le mouvement de contestation français a désormais un hymne version coupé-décalé : le morceau « Gilet jaune », du rappeur toulousain Kopp Johnson, qui cumule plus de 3,5 millions de vues sur YouTube.
https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=9i3alzuVFXo
Source : Le Monde Afrique (Le 05 décembre 2018)
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