Mauritanie : une diplomatie arabe controversée

La visite attendue du principe héritier saoudien à Nouakchott commence déjà à faire polémique au sein de l’opposition mauritanienne. C’est le parti islamiste TAWASSOUL qui ouvre les débats sur fond de protestation énergique. Ce déplacement de Mohammed Ben Salmane en Mauritanie dans un contexte si particulier avec l’assassinat du journaliste Jamal Kashoggi relance le débat sur la diplomatie arabe du pays depuis 2009.

En effet les inquiétudes des observateurs sur la politique arabe de la Mauritanie remontent précisément à l’élection du président Ould Aziz qui n’a pas hésité à manifester tout de suite sa volonté de rapprochement avec la RASD en s’affichant ouvertement avec les dirigeants du Polisario. Ce qui va entraîner de vives tensions avec le Maroc. La Mauritanie sort ainsi de sa neutralité légendaire qui caractérisait sa politique étrangère depuis 1960. En refusant d’envoyer des troupes au Mali après l’opération Serval et en faisant le contraire au Yémen pour soutenir l’Arabie saoudite dans sa guerre contre les jihadistes Ould Aziz a choisi plus ses intérêts, une diplomatie qui rompt avec ses fondamentaux.

Cette nouvelle orientation est aujourd’hui poursuivie par le nouveau ministre des affaires étrangères qui n’est pas étranger à la prochaine visite du prince héritier saoudien à Nouakchott dans le cadre de sa tournée dans les pays arabes. Ould Cheikh Ahmed est considéré comme un grand ami du prince saoudien et le diplomate de la situation pour mener à bien une politique arabe basée avant tout sur les hommes et non sur les peuples. Le soutien de Nouakchott aux conclusions des autorités saoudiennes sur l’affaire Kashoggi est très significatif à cet égard. Rares sont les pays arabes et même africains qui ont de solides relations d’amitié avec le royaume qui ne veulent plus s’afficher avec MBS soupçonné d’avoir commandité le meurtre du journaliste en Turquie. Pour l’instant seul le parti islamiste TAWASSOUL, le premier parti de l’opposition a protesté énergiquement contre la visite du prince héritier saoudien sur instruction du roi saoudien pour essayer de laver tout soupçon. Il y a un risque que cette politique arabe de la Mauritanie crée plus de confrontations avec les pays arabes et africains que de rapprochement avec les peuples.

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 27 novembre 2018)

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page