
La dernière déclaration du président mauritanien sur la possibilité de revenir sur la scène politique après les présidentielles de 2019 relance le débat juridique que Ould Aziz lui-même avait lancé avant le référendum et qui a permis d’imposer ses réformes constitutionnelles. Pour les observateurs c’est le 3ème mandat que son successeur pourrait légaliser avant la fin de son mandat. Une gouvernance à la russe qui pourrait mettre frein à toute alternance démocratique en Mauritanie.
Encore une fois le président mauritanien n’a pas fini d’étonner la classe politique en brouillant les pistes du 3ème mandat qu’il remet après le premier mandat de son successeur. Son intention de revenir sur la scène politique par la porte constitutionnelle s’inscrit dans le cadre de son combat pour gagner du temps et surtout anesthésier l’opposition voire l’opinion publique. En déclarant qu’il est toujours là et qu’il va continuer à faire de la politique Ould Aziz lance une bombe à retardement dans le camp opposé en attendant de la faire exploser au moment venu. C’est une provocation du président mauritanien qui entend toujours contrôler la situation avec une ficelle qu’il a confectionné depuis 2009. Ce qui lui a permis de mettre en place une opposition dialoguiste pour faire passer toutes ses réformes constitutionnelles et de réussir une instrumentalisation de la justice pour régler ses comptes politiques à l’opposition démocratique, à la presse indépendante et aux syndicats libres qu’il accuse de corruption dans l’affaire du milliardaire Bouamatou.
Après les élections de septembre dernier qui confortent la suprématie de son parti Ould Aziz n’a pas hésité à choisir lui-même son dauphin non encore officialisé pour des raisons de calcul électoral même si tout le monde sait de qui il s’agit. Cette réactivation du 3ème mandat est un pavé dans la mare. Il appartient à l’opposition démocratique de ne pas prêter son flanc et de parer au plus pressé pour créer les conditions d’une véritable alternance tant attendue par les mauritaniens depuis 1960. A ce rythme de croisière le changement est difficile. Et cette dernière déclaration d’intention va dans le sens d’une gouvernance à la russe où un général devra s’effacer pour un autre général. C’est le sens de la possibilité d’un retour de Ould Aziz dans 5 ans
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 23 novembre 2018)
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