L’indignation du porte-parole des FPC ex-FLAM sur l’ignorance de ses compatriotes africains du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne sur l’identité arabe et africaine de la Mauritanie et l’indifférence des dirigeants africains et occidentaux sur le racisme d’Etat mauritanien relance la question noire dans ce pays et au-delà c’est la difficile cohabitation qui est pointée du doigt.
Ce cri du cœur de Kaaw Touré sur les réseaux sociaux cette semaine intervient après la qualification des Mourabitounes à la CAN 19 au Cameroun. C’est surtout l’ignorance de ses sœurs et frères africains maghrébins et subsahariens de l’existence de noirs en Mauritanie. Un jeune public qui a longtemps cru à l’arabité de la Mauritanie jusqu’au moment de cette victoire de l’équipe nationale représentative de la diversité mauritanienne. Une indignation à la hauteur de la politique raciste de la diplomatie mauritanienne qui date depuis 1960 et qui a longtemps occulté l’identité africaine. L’ignorance de cette réalité découle de la méconnaissance en grande partie de l’histoire du pays rappelée à juste titre par le porte-parole des FPC qui revient sur l’antériorité d’une Mauritanie nègre avant l’arrivée des arabo-berbères. Et tout laisse croire que les Noirs sont majoritaires même si c’est le contraire qui est véhiculé officiellement.
Ce n’est un hasard si les recensements de la population sont devenus tellement secrets que les statistiques varient selon les gouvernements. C’est le « Manifeste du négro-mauritanien opprimé des FPC publié en 86 qui a révélé au monde le régime raciste et esclavagiste apparenté à l’apartheid. Et cette indifférence de la communauté africaine et internationale commence à perdurer. Ce silence est inquiétant et peut être qualifié quelque fois de complicité avec tous les régimes de Mokhtar Ould Daddah à Ould Aziz. La Mauritanie vient d’être rattrapée par l’histoire avec cette performance de l’équipe nationale du Foot-Ball. Ce qui fait dire au plus jeune prisonnier politique de Ould Taya que la Mauritanie est encore plus belle quand elle est en harmonie et assume avec fierté sa diversité et ses identités. Les onze foot-balleurs deviennent ainsi les vrais ambassadeurs du pays et rendent ainsi visible l’autre Mauritanie oubliée et plus audible en dehors de ses frontières. Une belle conclusion du combattant de la liberté qui relance le débat sur l’identité mauritanienne. Et au-delà c’est la cohabitation qui est pointée du doigt.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 22 novembre 2018)
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