Le président algérien a attendu l’anniversaire de son pays pour signifier à son homologue marocain qu’il a entendu son message en rappelant les relations de bon voisinage basées sur le respect mutuel. Une réponse diplomatique au « dialogue franc et direct» proposé par le souverain chérifien. La nouvelle candidature de Bouteflika aux prochaines présidentielles est un mauvais signe pour faire avancer le dossier du Sahara occidental à quelques semaines de la table-ronde de l’ONU à Genève à laquelle participeront outre les deux pays la Mauritanie et le Polisario.
Depuis 1994 les riverains algériens et marocains près de la frontière rêvent le retour de la paix. D’un côté comme de l’autre ils sont liés par des relations familiales et amicales depuis des millénaires. Aujourd’hui avec la fermeture des frontières c’est l’hospitalité légendaire qui semble prendre un coup. 24 ans après c’est toujours le statu quo qui continue d’empoisonner les relations entre les deux pays. Le principal responsable de cette situation, le Sahara occidental ex-colonie espagnole, occupé par le Maroc depuis 1975. Et depuis cette date l’Algérie soutient les indépendantistes sahraouis pour leur autodétermination. 43 ans de guerre qui ont nui aux deux peuples.
Des années au cours desquelles les dirigeants des deux pays ont presque ruiné de la haine parce qu’ils ne se parlaient pas depuis 2005. C’est le Maroc qui fait le premier pas la semaine dernière en tendant la main à Bouteflika aujourd’hui très malade mais refuse de quitter le pouvoir en se présentant aux prochaines présidentielles. Mohamed VI saisit l’occasion pour proposer un « dialogue franc et direct » pour plancher sur l’avenir du Sahara occidental. Réponse du berger à la bergère. Bouteflika décline diplomatiquement l’offre en rappelant les relations de bon voisinage basées sur le respect mutuel. Autrement dit le président algérien n’est pas prêt à aller plus loin que le respect des peuples à disposer d’eux-mêmes, un principe cher à l’ONU qui organise le 5 décembre à Genève une table-ronde à laquelle participeront les deux pays, la Mauritanie et le Polisario. Les deux présidents ont annoncé la couleur du dialogue par messages symboliques interposés. Bouteflika a attendu l’anniversaire de l’indépendance du pays et Mohammed VI à l’occasion de l’anniversaire de la marche verte. Les observateurs ne s’attendent pas à un changement des positions mais peut-être à une décrispation des relations pour créer les conditions d’une reprise des pourparlers entre Alger et Rabat.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 19 novembre 2018)
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