Les élections présidentielles en avril 2019 sont très attendues par les mauritaniens. C’est un scrutin qui passionne plus tout le monde en particulier les partis politiques. Le paysage politique est dominé aujourd’hui par le parti au pouvoir l’UPR qui a gagné largement les élections législatives municipales et régionales de septembre dernier. L’opposition est en embuscade pour une véritable alternance démocratique. Mais avant tout c’est sur les enjeux que l’opposition devra surtout accès son programme pour convaincre un électorat plus ou moins acquis à la majorité actuelle.
La Mauritanie se trouve dans un état grave de dégradation économique ces dernières années avec une dette publique grave qui avoisine 100 pour cent du PIB. Une situation aggravée par la baisse de ses exportations du minerai de fer due à la mévente du fer et la mauvaise gestion de la SNIM au bord du précipice. Les ressources halieutiques suivent la même tendance et la production agricole est loin de donner les résultats d’autosuffisance alimentaire. Les régions du Sud et du centre sont confrontées à une grave famine. Les infrastructures routières sont les pires dans la sous- région alors que l’Etat consacre des milliards dans ce secteur. Une situation économique gravissime qui risque de compromettre la croissance estimée en 2019 à plus de 4 pour cent. C’est le premier enjeu des présidentielles sur lequel devra surfer l’opposition pour tirer le bilan du régime de Ould Aziz durant ces deux mandats.
Le pays a besoin d’une réforme structurelle pour soulager une population de plus en plus pauvre livrée à elle-même face à la hausse des prix des matières de première nécessité. Une fracture sociale grandissante talon d’Achille du régime de Ould Aziz que l’opposition pourrait exploiter dans le cadre de son programme. C’est le deuxième enjeu relatif à la lutte contre la pauvreté qui ne va pas sans la lutte contre la corruption. Considéré comme le pays le plus corrompu en Afrique voire le monde c’est le point le plus faible de Ould Aziz à 6 mois de transmettre le pouvoir certainement à un autre militaire. Le président mauritanien est accusé de corruption dans plusieurs scandales financiers notamment dans des affaires internationales de drogues et plusieurs accaparements de terrains à Nouakchott et dans des affaires de marchés de gré à gré pour ses proches. Un troisième enjeu économique qui constitue un des chevaux de bataille récurrents de l’opposition démocratique qui devra s’appuyer sur les enjeux politiques pour discréditer le régime de Ould Aziz. Les deux principaux leaders ont déjà anticipé les débats en pointant du doigt un régime raciste et esclavagiste. Ce sera certainement la nouveauté de ces présidentielles où l’opposition est appelée à relancer le débat sur la cohabitation entamée par une contribution du vice-président de l’UFP. Cette crise de l’unité nationale et de la cohésion sociale est une chance pour les forces démocratiques pour sensibiliser l’électorat de la communauté « Bhidane » à changer de regard. Ce sera difficile mais pas impossible.
Enfin l’enjeu de taille également est relatif à la lutte contre l’insécurité dans la capitale et contre le terrorisme islamique, chère à Ould Aziz dont l’ambition de leader régional dans le cadre du G5 Sahel. Face au regain du banditisme de grand chemin à Nouakchott l’opposition a un champ ouvert pour proposer dans son programme des mesures adéquates de paix sociale et contre les narcotrafiquants. Enfin les dernières élections ont ouvert un chantier pour l’égalité entre l’homme et la femme. Il s’agira pour l’opposition de proposer un programme pour combler le déficit actuel en matière de parité. Ce sera tout l’enjeu de ce dernier scrutin où le chef de l’Etat sortant ne peut pas briguer un troisième mandat. Les mauritaniens vont donc élire un nouveau président.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 14 novembre 2018)
Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com
