Mauritanie-Usa : Le torchon brûle-t-il ?

La décision du président Donald Trump d’évincer la Mauritanie de l’Agoa est grave de conséquences. Malgré la volonté des autorités mauritaniennes de la minimiser, elle révèle une profonde divergence d’appréciation entre les deux gouvernements.

 

Il y a quatre jours tombait comme un couperet la décision du président américain, Donald Trump, de retirer la Mauritanie à partir du 1er Janvier 2019 des avantages liés à l’initiative de l’Agoa (African Growth and Opportunity Act). Une adhésion qu’elle avait chèrement obtenue en 2007. La principale raison invoquée par l’exécutif américain serait que « la Mauritanie n’a pas suffisamment progressé dans la lutte contre le travail forcé, en particulier le fléau de l’esclavage héréditaire ». Malgré la volonté des autorités nationales de minimiser l’impact de cette décision, à travers notamment un Tweet attribué à Sidi Mohamed Ould Maham, nouveau porte-parole du gouvernement, il est bien que clair que les autorités mauritaniennes ont été prises au dépourvu. L’impact de la mise en application de cette mesure d’éviction va infléchir la tendance des échanges commerciaux qui allaient crescendo ces dernières années soit un excédent commercial  estimé à 66 millions de dollars en 2017. 189 millions de dollars de volume d’échanges de marchandises en 2017 et 128 millions Usd d’exportations américaines en Mauritanie la même année.

La Mauritanie pour sa part a exporté pour une valeur de 61 millions Usd en 2017.  Or, justement, ces relations étaient vouées à se diversifier grâce à la norme AGOA accordant des tarifs préférentiels aux exportations (sans taxes douanières). Mais ce n’est pas tout car l’intérêt grandissant des investisseurs américains et la présence de sociétés de renommées mondiales et cotées en bourse, en prend un coup d’autant plus que l’AGOA sert d’instrument pour promouvoir l’implication du secteur privé américain dans le développement des pays bénéficiaires de cette norme.

Un malheur ne vient jamais seul

Si l’impact économique de sortir notre pays de cette initiative est indéniable, il y a aussi et surtout son pendant politique qui est d’ailleurs à l’origine de la décision du président Trump. Il  ne fait que suivre les recommandations de ses électeurs (lettre des sénateurs) remontés contre les violations des droits de l’Homme et les restrictions des libertés. Il est fort à parier que le lobbying antigouvernemental mené par Initiative de Résurgence Abolitionniste (Ira) dont le président, le député Biram Ould Dah Abeid, croupit depuis plusieurs mois en prison y a bien aidé.  Mais il y a aussi l’activisme des FLAM (Forces de Libération de Mauritanie) qui fait le reste. Le 2 octobre 2018, moins d’un mois avant la décision de Trump relativement à l’AGOA, la sénatrice américaine Kamala D. Harris (D-CA, photo) et les représentants Bennie G. Thompson (D-MS), Jerrold Nadler (D-NY), Zoe Lofgren (D-CA) et Joyce Beatty (D-OH, à la tête d’un vaste groupe de législateurs rédigent une lettre conjointe pour demander au secrétaire du département de la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen, et au secrétaire d’État Mike Pompeo de mettre fin à l’expulsion vers leur pays de « ressortissants noirs mauritaniens, menacés de discrimination raciale, de violence ou d’esclavage ».

Les premiers responsables de cet état de fait sont les autorités elles-mêmes. Elles donnent de l’eau au moulin de leurs détracteurs. Les responsables mauritaniens sont incapables de donner une image des efforts consentis en termes de lutte contre l’esclavage ou ses réminiscences.  Leur attitude burlesque à le nier à toutes les occasions les dessert. Ajoutez-y la gestion brutale d’interdire de séjour une association conduite par le Pr. Jonathan Jackson, fils de Jessie Jackson, le jour même de son arrivée officielle le 09 septembre 2017 à Nouakchott. Une attitude qui sème le doute ;  comme si les autorités avaient quelque chose à cacher à leurs visiteurs. L’attitude de dénigrement, le déficit de vision claire, le manque de tact et l’incompétence caractérisée des administrations mauritaniennes (y compris les représentations diplomatiques) à convaincre sont les véritables raisons de la mise du pays au banc des accusés. Il ne sert donc à rien d’opter la politique de l’autruche…On en paie toujours le prix. Les autorités pourront-elles renverser la tendance? Wait and see.

 

JD

 

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Source:  Mauriweb

 

 

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