Mauritanie : l’opposition prépare les présidentielles de 2019

Les deux principaux leaders historiques de l’opposition démocratiques sont sortis de leurs réserves habituelles cette semaine à Nouakchott pour discréditer le régime de Ould Aziz. Le président de l’UFP et le président du RFD ont pour la première fois dans l’histoire de leur parti pointer un régime de discrimination ethnique après quelques jours seulement de la formation du nouveau gouvernement dirigé par un nouveau premier ministre. Ould Maouloud et Ould Daddah sont tombés d’accord pour faire bouger les lignes au sein même de la composante «  Bhidane » qui devra faire rompre avec le principe du consensus.

A moins de 6 mois des présidentielles cette stratégie de l’opposition démocratique tente de rompre avec les vieilles habitudes qui consistaient à ménager le pouvoir en place par des critiques sur sa gouvernance économique et la communauté maure cachée derrière un consensus pour l’unité nationale et la cohésion sociale. Mais aujourd’hui après presque 10 ans de règne de Ould Aziz la Mauritanie fait face à un régime politique d’exclusion ethnique. Ce sont les deux têtes pensantes des deux plus anciens partis d’opposition qui s’y collent en refusant d’être complice d’un pouvoir qui ressemble fort à un système d’apartheid. C’est la première fois que ce terme apparaît dans le langage des deux chefs charismatiques de l’opposition démocratique. Ould Maouloud de l’UFP et Ould Daddah du RFD veulent en finir avec l’état de grâce surtout après leur défaite cuisante des dernières élections où les deux partis ont enregistré leur plus faible score au parlement.

C’est toute l’opposition qui est appelée à riposter pour préparer avril 2019. Alors que Ould Aziz continue d’anesthésier les populations par des mesures discriminatoires au sein de toutes les institutions politiques et administratives comme en témoignent depuis 2009 toutes les nominations du premier ministre   du président de l’assemblée nationale de la cour des comptes du conseil constitutionnel du président de la CENI sans compter les chasse-gardés de la banque centrale de la Snim ou des Affaires étrangères ou de l’éducation nationale. La liste est longue pour l’opposition pour pointer tous les postes stratégiques qui sont dominés par une seule communauté et en particulier par un clan tribal du locataire du palais de Nouakchott. Les deux principaux leaders de l’UFP et du RFD sortent ainsi de leurs réserves habituelles pour enfoncer le clou. Ce message de révolte est adressé d’abord à la composante dominatrice pour enfin rompre avec ce long consensus synonyme de complicité avec un Etat raciste. Les observateurs s’attendent à ce que cette initiative soit suivie d’actions sur le terrain pour mobiliser la société civile à regarder autrement ce régime en passe d’être reconduit en 2019.

 

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 05 novembre 2018)

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