Journalistes de RFI tués au Mali : « que la justice malienne fasse son travail »

« J’aimerais que la justice malienne fasse son travail », a déclaré vendredi à l’AFP Apolline Verlon, fille de Claude Verlon, journaliste français de RFI assassiné en 2013 au Mali avec sa consoeur Ghislaine Dupont, regrettant que l’enquête piétine.

 

Cinq ans jour pour jour après leur assassinat à Kidal, dans le nord du Mali, « c’est une affaire qui date, mais pour nous elle est toujours très présente, on a beaucoup de mal à faire notre deuil tant qu’on ne sait pas ce qui s’est passé », a témoigné Mme Verlon, au cours de la remise à Abidjan de la Bourse RFI créée par la radio internationale et le groupe France Médias Monde pour leur rendre hommage.

Cette cinquième édition de la Bourse RFI, qui a récompensé une jeune journaliste et un jeune technicien radio ivoiriens qui bénéficieront d’une formation professionnelle approfondie en France, a aussi rendu hommage à Jean Hélène, journaliste de RFI et du journal Le Monde, assassiné par un policier ivoirien à Abidjan il y a 15 ans.

Cette bourse rappelle « les valeurs » de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, « leur passion », et leur engagement pour un journalisme « sérieux, exigeant », a rappelé la directrice de RFI Cécile Mégie.

Le 2 novembre a été décrété par l’ONU « Journée internationale contre l’impunité pour les crimes contre les journalistes », en hommage à Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, enlevés au cours d’un reportage puis abattus près de Kidal, quelques mois après l’opération française Serval qui avait mis en déroute les jihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali.

« Les deux commanditaires ont été identifiés, l’un des deux est décédé, les quatre ravisseurs ont été identifiés, deux sont morts, les deux autres ont été localisés à la frontière algérienne », a expliqué Danièle Gonod, la présidente de l’Association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.

« Ce n’est pas simplement un crime crapuleux, nous voulons comprendre les circonstances réelles » de leur mort. « Nous devons rencontrer le juge (français en charge de l’enquête, Jean-Marc Herbaut) le 8 novembre », après qu’il a pu se rendre pour la première fois au Mali, à Bamako, en février 2018″, a ajouté Mme Gonod.

La zone de Kidal, que l’Etat malien ne contrôle pas, reste inaccessible en raison de l’insécurité.

Mme Gonod a rappelé l’hypothèse d’un lien entre ces assassinats et les tractations menées pour la libération d’otages enlevés en 2010 à Arlit (Niger). Les derniers otages avaient été libérés quatre jours avant l’assassinat des journalistes, et l’hypothèse d’une vengeance de la part de l’un des intermédiaires mécontents de ne pas avoir reçu sa bonne part de rançon est régulièrement avancée, sans être pour autant étayée.

L’enquête piétine aussi en raison du Secret Défense avancé par l’Etat français.

Depuis 2006, l’Unesco a condamné les assassinats de 1.010 journalistes et professionnels des médias. Mais neuf cas sur dix n’ont jamais été portés devant la justice, selon un rapport publié jeudi.

 

AFP

Source : L’Orient Le Jour (Liban)

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