Tidjane Thiam renonce au forum de l’investissement saoudien

Un nombre croissant de patrons de multinationales n’iront pas au «Davos du désert» suite à la disparition du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite d’Istanbul. ABB temporise et dit observer les développements.

 

Tidjane Thiam n’ira finalement pas à Riyad. Le directeur général de Credit Suisse renonce à se rendre à la conférence organisée par l’Arabie saoudite sur l’investissement, a-t-on appris, alors que les défections de grands patrons se sont multipliées ces derniers jours.

ABB temporise. L’an dernier, son directeur général, Ulrich Spiesshofer, était l’un des intervenants de la Future Investment Initiative. Cette année, le groupe industriel basé à Zurich n’a pas encore confirmé s’il y retournerait. «Nous observons les développements avec attention», a affirmé un porte-parole, ajoutant que le groupe est actif dans plus d’une centaine de pays et «s’engage à faire des affaires en accord avec les réglementations internationales applicables».

Le cas de Credit Suisse était pourtant plus délicat, la banque étant partenaire de l’événement, et Tidjane Thiam figurant parmi l’advisory board de la conférence. En outre, l’établissement a souvent souligné ces dernières années son intérêt à développer ses activités en Arabie saoudite.

Vitrine des difficultés

 

Cette conférence, organisée pour la deuxième fois, consacrée à l’investissement est supposée représenter la vitrine de ses ambitions de développement économique dans la technologie et le tourisme, la Vision 2030.

Pour l’instant, elle ressemble surtout au miroir de ses difficultés politiques. Alors que la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, critique du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et qui collabore avec le Washington Post, n’a pas été éclaircie, la liste des responsables de multinationales qui ne souhaitent plus s’y rendre s’allonge.

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Ceux qui ont renoncé

 

Parmi les premiers, James Dimon, directeur général de JP Morgan, a renoncé. De même que Dara Khosrowshahi, qui dirige Uber, et Richard Branson, le fondateur de Virgin. Ce dernier a d’ailleurs également décidé de geler certains projets en Arabie saoudite. Puis se sont ajoutés les patrons de BlackRock, Blackstone, la fondatrice du Huffington Post, Arianna Huffington, et le président de Ford. Des médias de premier plan, le Financial Times, le New York Times, The Economist, Bloomberg et CNN, se sont aussi retirés.

Le WEF est exaspéré

 

Par les temps qui courent, une association avec cette conférence, parfois surnommée le «Davos du désert», en référence à la rencontre annuelle du Forum économique mondial (WEF), semble être à éviter à tout prix. Au point que le WEF s’est senti obligé de mettre les choses au clair lundi. «L’événement de Riyad n’est pas lié ou en aucune manière associé au Forum économique mondial», a-t-il expliqué dans un communiqué. En outre, «tout en comprenant que Davos puisse être synonyme de sommet, l’usage impropre du nom de Davos est très préoccupant, car il génère de la confusion autour de notre mission et de notre travail», a ajouté l’organisation basée à Genève.

La directrice du FMI, Christine Lagarde, a maintenu sa présence, même si elle est «horrifiée» par la disparition de Jamal Khashoggi. Tout comme Steven Mnuchin, le secrétaire américain au Trésor.

D’après l’AFP, la liste des participants qui se trouvait sur le site de l’événement a disparu. Reste un communiqué citant 18 intervenants parmi les plus en vue, annoncés en septembre, dont près d’un tiers ont déjà fait défection. L’an dernier, plus de 3800 participants de plus de 90 pays s’étaient rendus à cette conférence, selon ses organisateurs.

 

 

 

Mathilde Farine

 

 

Source : Le Temps (Suisse)

 

 

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