Mauritanie : Ould Aziz entre les islamistes et Al Qaïda

Les observateurs sont surpris d’apprendre la médiation entre l’ancien mufti de Ben Laden Ould El Oualed et le président mauritanien Ould Aziz sur la fermeture du centre de formation des Oulémas et l’Université Ibn Yassine dirigés par l’érudit Ould Deddew. Au-delà de cette décision politique ce sont les frères musulmans qui sont au cœur de cet entretien diffusé cette semaine par la presse nationale et les réseaux sociaux.

C’est l’ancien mufti de Ben Laden son ancien numéro 3 qui focalise l’attention des observateurs dans un contexte politique agité en Mauritanie marqué par l’escalade du pouvoir contre les islamistes avec en toile de fond la fermeture du centre de formation des Oulémas et l’Université Ibn Yassine qualifiés de lieux de propagande de l’intégrisme religieux en Mauritanie sous la houlette de l’érudit Ould Deddew. Ould El Oualed qui a trouvé refuge à Nouakchott depuis quelques années est sans aucun doute un des activistes d’Al Qaïda qui a contribué à la signature d’un pacte de non-agression entre sa nébuleuse et la Mauritanie. Ce jeu trouble de Ould Aziz dans la sous-région lui a permis d’échapper aux attaques de l’AQMI ces dernières années. C’est donc un médiateur averti de l’islamisme politique qui défraie la chronique. Ce rapprochement avec le chef de l’Etat vise à le convaincre afin qu’il reconsidère sa position sur les frères musulmans.

Une médiation au plus haut sommet de l’Etat qui remet à l’ordre du jour dans le monde islamique la confrontation entre deux idéologies de l’islam dont l’une est prônée par les frères musulmans et l’autre par l’Etat islamique (DAESCH). Deux courants fondamentaux qui empoisonnent aujourd’hui les relations du monde musulman avec le reste de la planète. L’ancien bras droit d’Al Qaïda ne démord pas de sa position que la Mauritanie est une république islamique et non laïque. Et Ould Aziz tient à la laïcité à la mauritanienne qui a jusqu’ici sauvé le pays des ambitions salafistes radicaux qui sont arrivés au pouvoir par exemple en Egypte ou en Algérie. Et c’est cette montée fulgurante de l’islamisme politique affiché par Tawassoul qui inquiète le régime de Ould Aziz. De la tolérance au début du mouvement islamiste celui-ci est passé à l’activisme politique qui semble avoir ses propres centres et écoles qui génèrent la radicalisation des jeunes. Ces craintes de voir un jour la Mauritanie basculer dans cette mouvance fondamentaliste ont conduit Ould Aziz à exiger des islamistes la rupture avec les frères musulmans.

Des tractations secrètes avec Tawassoul sont en cours cette semaine. Cette position ferme du numéro un mauritanien est dictée par la volonté politique des pays arabes comme les Emirats arabes unis, la France engagée dans des opérations militaires au Sahel et ses homologues du G5 Sahel confrontés à une instabilité politique ces dernières années. La rencontre actuelle des chefs traditionnels et chefs religieux sahéliens à Nouakchott s’inscrit dans le cadre de l’éradication de l’intégrisme religieux.

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 04 octobre 2018)

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

Quitter la version mobile