Les projets américains d’une « OTAN arabe »

Contre l’Iran et avec Israël

Voilà un peu plus de soixante ans, Londres et Washington instauraient ensemble le Traité d’organisation du Moyen-Orient (Middle East Treaty Organization, METO), également connu sous le nom de Pacte de Bagdad, un des multiples pactes antisoviétiques. Une nouvelle initiative vient aujourd’hui remettre en mémoire cette alliance militaro-sécuritaire qui avait été en son temps vigoureusement combattue par le président Gamal Abdel Nasser avant d’être réduite à pas grand-chose au lendemain du renversement de la monarchie en Irak en 1958.

C’est le 27 juillet 2018 que les médias se sont fait l’écho de l’intention du président américain Donald Trump de convier les pays arabes du Golfe à un sommet à Washington, vers la mi-octobre. Il s’agissait, selon ces médias, de relever le niveau de la coopération entre les dirigeants du Golfe et les États-Unis dans les domaines sécuritaire, militaire et politique en vue de faire face à l’Iran. Pour l’administration américaine, cela devrait être l’occasion d’annoncer la mise en place d’un cadre institutionnel intitulé « The Middle East Strategic Alliance » (MESA).

Cette annonce était attendue depuis le déplacement de Trump en Arabie saoudite, le 22 mai 2017, une « visite historique » qui n’avait duré que deux jours mais avait donné lieu à plusieurs réunions au sommet : une rencontre bilatérale entre le président américain et le roi saoudien, une autre avec les dirigeants des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), et une troisième avec les représentants des 55 États arabes et islamiques rassemblés à Riyad.

Divisions dans le Golfe

 

Mais les diverses rencontres n’avaient pas permis de parvenir à un accord et, bien que l’on ne dispose d’aucune information, certains estiment qu’il est le fait des Américains. Il ne s’agit toutefois que de conjectures concernant des aspects formels, tels que le nom de l’alliance et la liste des pays fondateurs.

Parmi les principales raisons de ce report, l’incapacité de l’administration Trump à mettre en place une stratégie cohérente pour l’ensemble de la région du Proche-Orient, Golfe compris, mais aussi l’impact des tensions entre les Émirats arabes unis (EAU) et l’Arabie saoudite d’un côté et le Qatar de l’autre, les deux parties rivalisant en coulisses pour rallier le président américain à leur cause au moyen de facilités politiques, économiques et militaires. En dépit — ou à cause ? – de ces atermoiements, l’Arabie saoudite a ainsi accordé à elle seule aux États-Unis pas moins de 380 milliards de dollars (323 milliards d’euros) de marchés commerciaux, dont des contrats d’armements de quelque 100 milliards de dollars (85 milliards d’euros). Ce serait donc la conjonction de ces éléments qui aurait conduit Donald Trump à temporiser, les participants aux trois rencontres se contentant finalement de la Déclaration de Riyad qui met l’accent sur « le partenariat étroit entre les participants en vue de lutter contre l’extrémisme et le terrorisme sous toutes leurs formes et contre leurs racines idéologiques, ainsi que le tarissement de leurs sources de financement », « le renforcement de la coexistence et de la tolérance constructive entre les différents pays, religions et cultures », et « la détermination à lutter contre les agendas confessionnels et l’ingérence dans les affaires des États ».

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Abdulhadi Khalaf

Source : Orientxxi.info

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