Mauritanie : les enseignements des élections selon les observateurs

Les élections législatives municipales et régionales qui viennent de se dérouler en Mauritanie ont consacré la suprématie de l’UPR sur l’opposition avec une majorité écrasante au parlement et une mainmise sur les 13 régions et les deux tiers des mairies. Pour les observateurs cette victoire écrasante du parti au pouvoir ouvre la voie à une reconduction du régime de Ould Aziz. Une nouvelle configuration politique qui laisse planer un troisième mandat.

A l’issue des triples consultations populaires des 1er et 15 septembre dernier, le choix des mauritaniens est clair. Une forte majorité pour le parti au pouvoir. C’est un triomphe pour Ould Aziz mais sans gloire. Des élections entachées de fraude à tous les niveaux pour les observateurs et considérées par la CENI comme des lacunes. C’est le premier enseignement qui fait dire à l’opposition qu’elle avait en face un Etat. Autrement dit un chef de l’exécutif qui s’est comporté comme un chef de part utilisant tous les moyens humains et matériels de l’Etat à des fins de campagne inédite pour menacer et intimider le parti islamiste, l’IRA et l’AJD-MR. L’instrumentalisation de l’arrestation du président de l’IRA pour diffamation s’est révélée finalement en faveur du leader Hratin qui a arraché derrière les barreaux sa qualification au parlement. Et ce dénigrement n’a pas également empêché aux citoyens de plébisciter le parti islamiste qui conserve sa première place au sein de l’opposition avec 14 députés et la gouvernance de 5 communes dont 2 à Nouakchott et presque à deux doigts de s’offrir la plus grande région du pays, Nouakchott.

Le deuxième enseignement est relatif à l’émergence d’une troisième force politique, le parti Union pour la Démocratie et le Progrès proche de l’UPR qui profite de l’émiettement du vote afro-mauritanien dans la vallée et les périphéries de Nouakchott. Avec 6 sièges et 292 conseillers municipaux et 19 conseillers régionaux ce parti créé à partir de la constitution de 91 sous le régime de Ould Taya est entrain de rebâtir les idéaux du PPM du père de la nation et de l’ancien chef de la diplomatie père de la présidente de l’UDP. Les perdants de ces élections sont les partis afro-mauritaniens. L’AJD-MR qui perd la seule mairie Sebkha qu’il détenait et 3 sièges par rapport à 2013. Le MPR, ARC EN CIEL, PLEJ inexistants à l’assemblée nationale. Et dans une moindre mesure les deux principaux partis traditionnels de l’opposition UFP et RFD qui retrouvent l’hémicycle avec 3 députés chacun. Et du côté des partis Hratins l’APP et El WIAM perdent leurs 17 sièges de 2013. Seul l’APP est en mesure de participer aux débats parlementaires.

C’est le troisième enseignement qui annonce le recul de l’opposition anti système des noirs et celle des dialoguistes Hratins. Cette suprématie de l’UPR ouvre la voie à un troisième mandat de Ould Aziz. Ce n’est plus qu’une question de formalités. La majorité des deux tiers au parlement est acquise.

Cherif Kane
Coordinateur journaliste

 

 

(Reçu à Kassataya le 19 septembre 2018)

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