Mohamed Jemil Ould Mansour, ancien président du parti islamiste Tawassoul et candidat au conseil régional de Nouakchott, dénonce des élections organisées sans concertation avec l’opposition. Il se félicite des gains de son parti et des ballottages infligés au parti présidentiel.
Mohamed Jemil Ould Mansour n’est plus président du parti islamiste Tawassoul depuis un an, mais il en reste un des principaux dirigeants. À 51 ans, il a connu la prison dans les années 1990, mais aussi le Parlement où il a été élu en 2006 et en 2014. Candidat à la présidentielle de 2009 où il a obtenu 4,76% des voix, il a poussé pour que son parti ne boycotte pas les élections législatives de 2013 comme le reste de l’opposition. Tawassoul est ainsi devenu le pilier de l’opposition.
Cette visibilité et son souci de jouer la carte de l’union de l’opposition ont fait de ce parti le pivot de la résistance au président Mohamed Ould Abdelaziz, qui l’a désigné durant la campagne électorale comme l’extrémisme à combattre.
Mohamed Jemil Ould Mansour condamne ici la mobilisation des moyens de l’État au profit du parti présidentiel et se félicite de l’incontestable percée que Tawassoul a réalisée au premier tour du scrutin du 1er septembre, notamment à Nouakchott où il conduit la liste régionale de son parti.
Jeune Afrique : Comment jugez-vous le déroulement des élections législatives, régionales et municipales ?
Mohamed Jemil Ould Mansour : Premièrement ces élections ont été organisées de façon presque unilatérale par le pouvoir. La Commission électorale n’est pas indépendante et rien n’a été fait en concertation avec l’opposition démocratique comme il serait normal.
Deuxièmement le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR), a utilisé tous les moyens de l’État à son profit au cours de ces élections. Le président Abdelaziz lui-même a fait campagne et a même menacé des partis politiques au cours de meetings électoraux. Enfin, de nombreuses irrégularités ont été constatées au cours du scrutin.
Malgré cela et la mobilisation des militaires contre nous, l’opposition a gagné du terrain.
C’est-à-dire ?
Nous avons mis en ballotage 22 sièges de députés, 9 conseils régionaux sur 13 et la moitié des communes. Notre parti, Tawassoul, a obtenu 14 députés. À Nouakchott, nous sommes en tête pour ce qui concerne la liste des députés et dans trois communes de la capitale. Nous sommes satisfaits de ces résultats, car nous avons arraché des acquis essentiels.
Notre Coalition ira ensemble au deuxième tour
L’opposition sera-t-elle unie au deuxième tour ?
Notre Coalition avec le RFD, le FNDU, l’IRA-Sawab etc. ira ensemble au deuxième tour. Même avec l’opposition dialoguiste, nous sommes en train de passer des alliances électorales : par exemple, nous soutenons l’Alliance populaire progressiste (APP) de Messaoud Ould Boulkheir à Rosso et nous voterons pour ses candidats à Zouerate durant les trois scrutins.
Pensez-vous l’emporter à la régionale de Nouakchott ?
Notre liste de la Coalition n’est qu’à un point environ de la liste du parti présidentiel. Avec toute l’opposition votant pour nous au second tour, nous pensons que nous le gagnerons, si les choses se déroulent normalement.
Alain Faujas
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