Sommet Chine-Afrique : la Chinafrique sur les traces de la Françafrique

Le 7ème Forum sino-africain s’est achevé cette semaine dans la capitale chinoise en présence de 53  dirigeant africains sur fond de polémique sur la Chinafrique qui apparaît aujourd’hui comme un système visible et moins contraignant des relations entre la Chine et le continent africain. Hormis une aide « désintéressée » de 60 milliards de dollars c’est la connexion de l’Afrique aux nouvelles routes de soie qui constitue un des résultats marquant de ce sommet.

 En promettant 60 milliards d’aide à l’Afrique dont 15 d’aide gratuite et de prêts sans intérêts, le président chinois met en évidence son pragmatisme économique considéré par les observateurs comme un cadeau empoisonné aux 53 chefs d’Etat africain présents et en même temps un peu d’oxygène pour leurs économies fragiles aggravées par des dettes publiques qui dépassent largement leur PIB. Devenu incontournable depuis ces dernières années ce 7ème sommet sino-africain à Pékin intervient au moment où la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis fait rage. Et ce contexte pousse le continent à être sur ses gardes et à poursuivre son ambition de libre échange commercial entre les pays membres. Ce n’est pas un hasard si les dirigeants chinois ont invité leurs partenaires africains à se connecter rapidement à leurs nouvelles routes de soie pour développer le marché d’approvisionnement du pays. Une démarche qui s’adapte au nouveau monde et à la nouvelle puissance économique de la Chine qui entend malgré les critiques de néo-colonialistes d’essayer de soulager les dettes du continent qui s’élèvent à plus de 130 milliards de dollars alors que ses investissements sont en deçà des ambitions africaines. Un paradoxe chinois qui ne date pas d’aujourd’hui et fait du géant asiatique un partenaire privilégié qui a conquis le marché africain sous couvert d’une main d’œuvre facile et abondante au détriment des autochtones. Les produits chinois inondent aujourd’hui l’Afrique. Et la concurrence avec les produits locaux n’est pas pour favoriser les emplois. La présence forte dans le textile dans les infrastructures routières, ferroviaires et portuaires commence à porter ses fruits dans beaucoup de pays subsahariens et dans la corne de l’Afrique et l’Afrique centrale. Finalement même si ces sommes mirifiques viennent à point à nommer pour les pays les plus endettés il n’en demeure pas moins que le bénéfice revient toujours au prêteur. La différence avec la Françafrique c’est que le prêt chinois est sans conditions et sans intérêt. Et la chine promet également d’effacer la dette des pays les plus pauvres. Une prise de position rare interprétée comme une souplesse du dirigeant chinois qui étonne les observateurs en étant le dirigeant chinois le plus africain de ces prédécesseurs. En l’espace de 4ans il a visité quatre fois l’Afrique. Une diplomatie agissante qui fait aujourd’hui de la chine le premier partenaire africain. Et c’est le Sénégal qui accueillera pour la première fois le 8ème sommet Afrique-Chine à Dakar en 2021.

Bakala KANE

(Reçu à Kassataya le 08 septembre 2018)

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