Pédophilie : Si l’Église ne change pas, nous la déserterons

Les accusations de la justice à l’encontre de plus de 300 prêtres en Pennsylvanie, aux États-Unis, suscitent l’émotion dans la presse locale, qui appelle à une réaction à la hauteur des enjeux. À l’image d’un chroniqueur catholique du Philadelphia Inquirer.

“En septembre 2015, quand le pape François nous a rendu visite et s’est exprimé d’un pupitre utilisé par [le président Abraham] Lincoln, il a posé une question étonnamment simple : ‘Qu’allons-nous faire ?’, écrit un chroniqueur du Philadelphia Inquirer, le premier quotidien de Pennsylvanie. Son interrogation portait sur les personnes marginalisées de notre société – les immigrés, les sans-abri, ceux qui ne mangent pas à leur faim et ceux qui ne peuvent pas faire d’études – et il a déclaré que ‘Dieu pleure’ pour les victimes d’abus sexuels. […] Je n’ai pas arrêté de penser à cette question en lisant le rapport du grand jury, paru mardi 14 août, qui décrit plus de soixante-dix ans d’abus commis par des ecclésiastiques en Pennsylvanie. ‘Qu’allons-nous faire ?’”

Lui-même catholique, Mike Newall réagit avec force à ce rapport accusant plus de 300 prêtres catholiques d’avoir agressé sexuellement plus de 1 000 enfants, depuis les années 1940. Ayant couvert le sujet depuis quinze ans, il souligne le caractère insupportable de ces exactions.

“Meurtre de l’âme”

 

“Pour beaucoup de gens élevés dans la foi catholique […] l’Église fait partie de notre ADN, comme l’a déclaré l’une des victimes. C’est pour cette raison que les victimes de ces abus ont tant de mal à admettre que leurs guides, ceux qui incarnent Dieu sur Terre, puissent leur infliger de tels mauvais traitements. L’une des victimes a évoqué un ‘meurtre de l’âme’.

S’il ne s’agit pas des premières révélations d’abus systématiquement couverts par la hiérarchie ecclésiastique, “la Pennsylvanie devient le seul État américain à avoir enquêté sur ce scandale de façon aussi détaillée et à l’échelle de tout son territoire, souligne le chroniqueur. C’est la première fois qu’un exposé de cette ampleur est rédigé et donne lieu à une telle mise en cause de l’Église au sein d’un État.

“Maintenant ou jamais”

 

Aussi, conclut-il, “si l’Église catholique doit faire un bilan et rendre des comptes […], alors c’est maintenant ou jamais”.

Le chroniqueur appelle de ses vœux des réformes recommandées par le grand jury au niveau de l’État, notamment celle d’allonger le délai de prescription afin de laisser plus de temps aux victimes pour agir. Mais il s’adresse surtout aux dignitaires catholiques, y compris au pape François, dont le bilan en la matière n’a “pas été entièrement à la hauteur” de ses engagements :

Après la parution de ce rapport, si les chefs religieux […] ne s’engagent pas à arracher ce mal par la racine, au lieu d’attendre l’intervention des politiques ; si la priorité de leur foi n’est pas de rendre justice aux victimes ; si ce rapport ne marque pas le début d’une véritable réorientation pour l’Église, alors le sentiment insufflé par le Saint-Père devant l’Independence Hall s’amenuisera peu à peu. À tel point qu’il vaudra mieux partir.”

The Philadelphia Inquirer – Philadelphie (Etats-Unis)

Source : Courrier international

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