A Madagascar, des grands-mères deviennent des « fées électricité »

Plusieurs femmes du village d’Ambakivao se sont rendues en Inde pour recevoir une formation sur la maintenance des systèmes photovoltaïques.

 

Elle a apporté la lumière, et même beaucoup plus. « Grâce à mon diplôme de “femme ingénieure solaire”, il y a désormais de l’électricité dans mon village et il peut ainsi se développer économiquement, se félicite Yollande Randrianambinina. C’est une grande fierté pour moi et pour les habitants. »

Agée de 53 ans, cette femme de pêcheur d’Ambakivao, un village de la côte occidentale de Madagascar composé d’environ 200 foyers, a été formée en Inde pendant six mois avec trois amies, grands-mères comme elle. Depuis qu’elles sont rentrées en mars 2017 dans leur hameau implanté près de l’embouchure du fleuve Tsiribihina, les expertes assurent la maintenance des systèmes solaires photovoltaïques. Dans une maison communautaire, qui fut le premier bâtiment électrifié du village, Yollande teste aujourd’hui un banc de batterie pendant que Hanitra Andrianasolo, 38 ans, resserre les vis d’un panneau solaire.

Tout a commencé en 2016 lors d’une réunion organisée par le Fonds mondial pour la nature (WWF) où, au terme d’une discussion avec les villageois, la lumière est arrivée en tête des besoins les plus criants. Ambakivao n’était pas un cas particulier sur la Grande Ile puisque 84 % de la population n’a pas accès à l’électricité, et même 95 % en milieu rural.

Un « engagement fort »

 

En tant que village isolé et très difficile d’accès, le village de Yollande n’avait quasiment aucune chance d’être sélectionné parmi les programmes gouvernementaux de l’Agence de développement de l’électrification rurale.

« Il a été choisi parce qu’il y a une bonne cohésion entre les habitants et que nous avons senti un engagement fort autour du projet, assure Prisca Zandry, organisatrice au niveau social du WWF dans la région du Manambolo-Tsiribihina. Les mamies, quant à elles, ont été sélectionnées selon différents critères, comme le fait de ne pas être l’épouse d’une personnalité du village ou de ne pas avoir d’enfants à allaiter. Motivées par le projet, ces femmes, qui n’ont pas fait d’études pour la plupart, devaient également recevoir l’approbation de leur famille. »

« Le professeur nous expliquait comment monter, installer ou réparer les systèmes solaires par des gestes », Yollande Randrianambinina

Rassembler les documents administratifs nécessaires au voyage (extrait d’acte de naissance de moins de six mois, lettre d’autorisation des autorités locales…) a parfois ressemblé à un parcours du combattant. Mais, mi-septembre 2016, après une séance de bénédiction organisée par les autorités locales, elles ont pris l’avion pour la première fois de leur vie : destination Tilonia, au sud-ouest de New Delhi.

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Leur formation au Barefoot College (« l’université des pieds nus »), une ONG indienne qui vise à soutenir les communautés rurales défavorisées en développant des services de base pour les rendre autonomes, s’est déroulée selon un cursus précis et en association avec le WWF. « On communiquait avec d’autres femmes venues d’Afrique ou d’Amérique du Sud par des gestes et quelques mots d’anglais, se souvient Yollande Randrianambinina. Pendant la formation, on a appris à identifier les composants électroniques par leur forme et leur couleur. Le professeur nous expliquait ensuite comment monter, installer ou réparer les systèmes solaires par des gestes. »

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Pierre Lepidi

(à Ambakivao, Madagascar)

Source : Le Monde

 

 

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