Droit de l’Homme : quel sera le rôle de Michelle Bachelet, la nouvelle Haut-Commissaire?

L’ex-présidente du Chili Michelle Bachelet est nommée à la tête du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme. Elle succède au Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, qui a agacé certains Etats par son franc-parler.

 

Michelle Bachelet est la nouvelle figure des droits de l’Homme à l’ONU. L’ancienne présidente du Chili a été choisie par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres pour occuper la tête du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme (HCDH). Sa nomination a été validée vendredi par l’Assemblée générale, qui est composée des 193 Etats membres de l’ONU. Elle remplace le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein qui avait renoncé à se présenter à un second mandat à ce poste très exposé. Mais concrètement, à quoi sert le haut-commissaire aux droits de l’Homme?

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L’agence a été créée en 1993, est rattachée aux Nations unies et siège à Genève. Sur son site, le HCDH détaille ses missions : « Nous offrons un leadership, travaillons objectivement, éduquons et prenons des mesures pour rendre les individus autonomes et aider les Etats à défendre les droits de l’homme. » S’appuyant sur le Déclaration universelle des droits de l’Homme et la charte des Nations unies, le Haut-Commissariat travaille avec les Etats mais aussi la société civile pour améliorer la protection des droits de l’homme dans le monde.

Son prédécesseur s’est distingué par son franc-parler

 

Son rôle est également de tirer l’alarme sur certains comportements. Récemment, Zeid Ra’ad Al Hussein a par exemple réclamé à Israël de libérer ou de juger immédiatement tous les enfants palestiniens que ce pays détient, dénoncé les crimes de guerre au Soudan du Sud ou qualifié la situation des droits de l’Homme des Vénézuéliens de « lamentable ».

Mais dans les faits, l’activité de l’institution dépend beaucoup de la personnalité. Zeid Ra’ad Al Hussein s’est par exemple distingué pour son franc-parler. Le Jordanien n’a en effet pas hésité à tacler plusieurs chef d’Etat ou de gouvernent. Il a notamment qualifié de « raciste » et de « voyou » le Premier ministre hongrois Viktor Orban, il a jugé « dangereux » le président américain Donald Trump et a suggéré au président philippin Rodrigo Duterte de passer un « examen psychiatrique ».

Plusieurs pays, comme la Chine ou le Venezuela, ont aussi critiqué à maintes reprises la volonté affichée par Zeid Ra’ad Al Hussein de lancer dans les pays en crise ou en conflit des enquêtes du Conseil des droits de l’Homme, préférant miser sur la « coopération technique » avec l’ONU.

Si vous devenez trop populaire en faisant ce travail, vous ne faîtes pas du bon boulot

« J’ai irrité, je pense, tous les gouvernements au cours de ces quatre ans », a récemment déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein à la BBC. Une attitude qui a été contestée au sein même des Nations unies, certains jugeant le bureau du Haut-Commissaire trop « moralisateur » et allant parfois jusqu’à lui demander d’adopter un « autre vocabulaire » pour dénoncer les abus dans le monde. Mais d’autres ont soutenus sa façon d’exercer le poste comme l’ancienne Haut-Commissaire aux droits de l’Homme (1997-2002), l’Irlandaise Mary Robinson : « Si vous devenez trop populaire en faisant ce travail, vous ne faîtes pas du bon boulot. »

Le remplacement de Zeid Ra’ad Al Hussein par Michelle Bachelet préfigure-t-il d’un changement de ton? Des organisations de défense des droits de l’Homme avaient exprimé des inquiétudes quant à la possibilité que le secrétaire général de l’ONU choisisse une personnalité moins virulente. Nikki Haley, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, a d’ailleurs réagi à la nomination de Michelle Bachelet en l’enjoignant « d’éviter les erreurs du passé ». « Si elle est choisie, (Michelle) Bachelet aura l’un des emplois les plus difficiles au monde, à un moment où les droits de l’homme subissent une attaque généralisée », estimait avant l’annonce d’Antonio Guterres le directeur de Human Rights Watch, Kenneth Roth.

Détenue et torturée sous le régime de Pinochet

 

Michelle Bachelet a la particularité d’avoir été elle-même victime de violation des droits de l’Homme. Fille d’un général opposé au régime d’Augusto Pinochet, elle a été détenue et torturée par la police politique du dictateur en 1975. Présidente du chili entre 2006 et 2010 puis de 2014 à 2018, elle a bousculé lors de son second mandat une société réputée très conservatrice par une série de réformes progressistes, dont l’adoption du mariage homosexuel et la dépénalisation de l’avortement.

L’année dernière, Antonio Guterres l’a nommée pour faire partie d’un conseil consultatif de haut niveau pour le conseiller sur des initiatives de médiation. Le secrétaire général de l’ONU l’avait qualifiée de « championne des droits des femmes à long terme ».

Source : JDD (France)

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