Khalifa Sall officialise sa candidature à la présidentielle sénégalaise de 2019 depuis sa cellule

Le maire de Dakar, incarcéré depuis seize mois, a été condamné à cinq ans de prison pour « escroquerie sur fonds publics ». Son procès en appel est en cours.

 

Ce n’était plus un secret pour personne mais c’est désormais officiel, le maire de Dakar, Khalifa Sall, sera candidat à la présidentielle sénégalaise de février 2019 depuis sa cellule. C’est par voie de communiqué, jeudi 26 juillet, au lendemain du retrait de ses avocats de son procès en appel que le maire a fait son annonce : « Les accusations qui me sont faites sont ignominieuses, hypocrites et infamantes. Aujourd’hui plus que jamais, je réfute avec force et conviction, chacune de ces dernières qui poursuivent le dessein politique lâche d’entraver la liberté du suffrage. »

Dissident du Parti socialiste sénégalais depuis que ce dernier a rejoint les rangs de la coalition libérale du président Macky Sall, Benno Bokk Yakaar, en 2012, Khalifa Sall est considéré dans le paysage politique sénégalais comme l’opposant le plus sérieux à la réélection du chef de l’Etat.

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Condamné le 30 mars à cinq ans de prison et à une amende de 5 millions de francs CFA (7 622 euros) pour « escroquerie portant sur des fonds publics » et « faux en écritures », l’édile n’a cessé de contester une décision jugée « politique » et « arbitraire ». Une observation qui s’appuie par une décision de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) rendue le 29 juin, qui estime que les droits de Khalifa Sall et de ses quatre coaccusés n’ont pas été respectés lors du jugement rendu en première instance. Dans son communiqué de candidature, Khalifa Sall accuse ainsi une procédure « menée uniquement à charge et avec empressement pour hâter le procès et son issue ».

Course contre la montre

 

En prison depuis seize mois, le maire de Dakar sait qu’il joue une course contre la montre avec la justice. S’il est condamné en troisième instance, soit en cassation, il ne pourra déposer sa candidature. Voyant que la procédure judiciaire s’accélérait, il a fallu trouver une autre stratégie. Ainsi, en se déclarant à la présidentielle, il joue, à quatre mois de la date limite des dépôts de candidatures au Conseil constitutionnel, son va-tout.

Le portrait du député-maire de Dakar, Khalifa Sall, peint sur un mur de la capitale sénégalaise avec l’inscription : « Khalifa ou rien », le 28 mars 2018.

« Le timing n’est pas anodin, confie un proche conseiller du maire. La justice s’est montrée partiale avec Khalifa Sall durant son procès en première instance et aujourd’hui en appel. D’où notre décision de nous retirer de la procédure judiciaire. Si l’on annonce sa candidature aujourd’hui, c’est pour que tout le monde sache que le Sénégal détient en prison, non plus un maire, non plus un député, mais un candidat à une élection présidentielle. »

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Si le candidat Khalifa Sall n’a pas encore présenté de programme, ni même abordé sa vision pour le Sénégal, la communication politique risque de se mettre en marche très rapidement, « d’ici à deux jours », prévient-on dans son entourage. Cette candidature à sept mois du scrutin sonne comme un baroud d’honneur. « Nous devons faire réagir le peuple sénégalais à cette situation d’injustice et rassembler autour du candidat, confie un proche conseiller. Nous avons tout essayé. Nous nous sommes confrontés à la justice. Nous n’avons pas fui le débat. »

Quant à la façon dont Khalifa Sall fera campagne depuis sa prison de Reubeuss, le mystère reste entier. « Il a déjà été élu député en juillet 2017 depuis sa cellule sans faire une seule tournée, poursuit le conseiller. Ça a fait enrager le pouvoir. Nous pouvons recommencer. »

Matteo Maillard

(Dakar, correspondance)

Source : Le Monde

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