Mali : Une présidentielle et deux fichiers électoraux

À cinq jours de l’élection présidentielle, l’opposition dénonce l’existence de deux fichiers électoraux. Des déclarations qui entachent d’ores et déjà la fiabilité d’un scrutin sur lequel pèse la menace terroriste, souligne RFI dans sa Revue de presse Afrique.

Tout a commencé vendredi 20 juillet, avec une conférence de presse de Tiébilé Dramé, directeur de campagne du candidat Soumaïla Cissé, le principal opposant, relate Maliweb en citant le site d’information Infosept. Tiébilé Dramé affirmait qu’il avait constaté de “nombreuses incohérences entre le fichier audité en avril dernier par un Comité d’experts nationaux et de l’Organisation internationale de la Francophonie et la version électronique mise en ligne à partir 4 juillet par la DGE, la Direction Générale des Élections. Des anomalies qui laisseraient supposer un potentiel de plus d’un million d’électeurs fictifs.”

Maliweb signale par ailleurs que “Tiébilé Dramé et sa délégation ont été reçus par le chef du gouvernement, Soumeylou Boubeye Maïga. Celui-ci les a assurés que la mission essentielle de son gouvernement était d’œuvrer à ce qu’il y ait une élection transparente, crédible et apaisée au Mali. […] Et qu’il ne s’agissait nullement d’une volonté de fraude mais d’une erreur informatique.” Des explications qui n’ont nullement convaincu l’opposition.

Le président “compte sur la fraude” pour gagner

 

Le 23 juillet, lors d’un meeting dans la ville de Kayes, rapporte le quotidien Le Pays dans un article repris par Malijet, Soumaïla Cissé a affirmé :

Nous avons la preuve de ce que nous disons. C’est bien la stratégie du gouvernement de tricher dans cette élection en faveur d’IBK. Le président IBK sait qu’il ne peut pas gagner. C’est sur la fraude qu’il compte. Nous n’allons pas accepter la fraude électorale cette fois-ci.”

Le quotidien L’Aube s’alarme : “La révélation par le Directoire de campagne de Soumaïla Cissé de graves anomalies sur le fichier électoral qui recélerait un potentiel de 1 200 000 électeurs fictifs vient semer le trouble sur les intentions réelles du pouvoir. L’aveu du Directeur général des Élections, le général Siaka Sangaré, même sous l’euphémisme + d’erreur informatique +, entache désormais la sincérité des organisateurs du scrutin.”

Et L’Aube de s’interroger : “Faut-il accréditer l’idée d’un fichier électoral parallèle qui ouvrirait la voie à toutes les suspicions ? Cet épisode obscur éclaire sans doute d’un jour nouveau l’élection présidentielle de 2013 où les scores lénifiants de 39 % et 77 % au premier et second tour cachaient une fraude organisée.” Cinq ans après, conclut L’Aube, “ce (nouveau) vol programmé permet de mieux comprendre la sérénité qu’affiche le camp du président sortant.” Pour sa part, la majorité dénonce une surenchère de l’opposition.

Menace terroriste

 

En tout cas, ces accusations de fraude électorale provoquent comme “un parfum de tension dans la campagne électorale au Mali”, constate Ledjely. “Jusqu’au week-end passé, rappelle le site d’information guinéen, l’enjeu principal de cette élection présidentielle malienne demeurait le climat sécuritaire. Les uns et les autres se demandant notamment si le scrutin se tiendrait dans certaines zones du centre et du nord du pays, en proie à des attaques régulières ces derniers temps. Désormais, à cette préoccupation viennent se greffer les interrogations ayant trait à la transparence du scrutin, dans le contexte d’une élection qui s’annonce plutôt disputée.”

En effet, renchérit L’Observateur Paalga au Burkina, “avec l’hypothèque sécuritaire qui pesait déjà sur ce scrutin du fait de la menace terroriste qu’on connaît, les Maliens n’avaient pas besoin d’un autre motif de crispation politique […].”

 

Frédéric Couteau
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Source : Courrier international

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