Un Japonais puni pour avoir commencé sa pause déjeuner trois minutes en avance

Un fonctionnaire japonais, employé du service des eaux de la ville de Kobe, vient d’être sanctionné par son patron pour avoir avoir pris l’habitude de quitter son poste de travail quelques minutes avant l’heure du déjeuner «pour acheter un bentō» (repas rapide ou casse-croûte). L’homme de soixante-quatre ans est accusé d’avoir pris sa pause déjeuner trois minutes avant l’heure convenue à vingt-six reprises sur une période de six mois. La direction a retenu une demi-journée de travail sur son salaire, correspondant aux heures non passées à son bureau.

Suite aux révélations, les hauts responsables du service des eaux ont organisé une conférence de presse pour s’excuser du comportement de leur employé. Après une révérence solennelle pour signifier leur pardon, ils ont qualifié la conduite du soixantenaire de «fort regrettable».

«La pause déjeuner se déroule entre midi et une heure de l’après-midi. Il a quitté son poste de travail avant la pause. Les employés de la fonction publique sont tenus à certaines obligations, il doivent rester concentrer sur leur travail pendant les heures réglementaires», a déclaré un-porte parole du service des eaux.

Les internautes japonais n’ont pas manqué de s’indigner suite à ces révélations. Le Telegraph rapporte quelques-uns de ces témoignages: «C’est la folie pure et dure! Il se passe quoi pour ceux qui veulent quitter leur bureau pour fumer?», lâche un homme sur Twitter. «C’est une mauvaise blague? Est-ce que ça veut dire que l’on ne peut même plus faire de pause pipi?», se révolte un autre.

La culture japonaise du travail

 

Les médias locaux ont profité de cet incident pour relancer le débat sur la culture nippone du travail. En mai dernier, le gouvernement japonais a adopté un projet de loi qui fixe les heures supplémentaires à un cent maximum par mois.

Le travail est tellement ancré dans la culture japonaise que certaines et certains en viennent même à mourir par excès de travail aussi appelé «karoshi». Selon un rapport remis en octobre 2017 au Premier ministre Shinzo Abe, un Japonais ou Japonaise sur cinq risque de mourir au travail en raison d’un surmenage. Selon Radio-Canada le «karoshi» a fait 191 victimes en 2016.

En octobre 2015, le suicide de Matsuri Takahashi, employée de l’agence de publicité Dentsu, avait fait la une des journaux. La jeune femme alors âgée de 24 ans s’était plainte des heures supplémentaires qu’elle effectuait pour le géant de la pub japonaise: «Je n’ai plus d’émotions. Je veux seulement dormir […] Ils ont décidé de me faire travailler samedi et dimanche […] La mort apparaît comme une meilleure option», pouvait-on lire sur son compte Twitter.

Comme l’expliquait Le Parisien à l’époque, «Matsuri Takahashi avait travaillé jusqu’à plus de 100 heures supplémentaires par mois, dépassant largement la barre des 80 heures supplémentaires mensuelles considérée comme l’entrée dans la zone de risque de karoshi». L’expression «le travail, c’est la santé» a rarement été moins pertinente.

Repéré par Aurélie Rodrigues

Repéré sur The Guardian

Source : Slate

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