Mauritanie : Pouvoir/ Opposition

L’opposition radicale reproche au Président de gérer les affaires du pays d’une manière unilatérale. En France on appelle ça la verticalité dans l’exercice du pouvoir, la façon jupitérienne pour dénoncer la vision verticale, voire autoritaire du Président Macron. Ces amis politiques expliquent que l’élection présidentielle est la rencontre d’un homme et un peuple, sur la base d’un programme qu’il est tenu d’appliquer après son élection, contre vents et marais. Ce qui exige une autorité et une volonté ferme de ne pas se plier aux pressions de groupes qui ne défendent que leurs intérêts propres ; que c’est un héritage Gaullien de la Ve République que tous les Présidents avant lui ont pratiqué. Nous ne sommes pas loin de cet héritage Gaullien, puis que notre constitution de 1991 s’en est largement inspiré. En France on crie au despotisme et on réclame plus de négociation, plus de concertation avant les décisions importantes pour le pays. En Mauritanie, il y’a incontestablement quelque chose à faire dans ce domaine, car la démocratie exige une négociation permanente entre le pouvoir gouvernemental, le pouvoir législatif et le pouvoir social. Pour cela on doit commencer par rehausser le niveau et la qualité de nos parlementaires, en exigeant de justifier au moins un DEUG (2e Année d’université ou équivalent).

Le président Aziz a mis œuvre son approche managériale et contractuelle de l’économie. Ce qui lui a permis de redresser les comptes de l’Etat et de limiter les détournements des deniers publics.

 Il a incontestablement marqué des points dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. On est loin aujourd’hui de la période où on assassinait impunément nos soldats à Tourine, Lemgheity, ou l’on enlevait et tuait les occidentaux sur la route de Nouadhibou, d’Aleg, à Nouakchott, et ou les terroristes s’échappaient allègrement de la prison civile de Nouakchott. Il a su très rapidement, réorganiser et rééquiper notre armée. Ce qui lui a permis de sécuriser nos frontières du Nord à l’Est du pays et de redonner à notre armée nationale une place prépondérante dans la sous-région ouest-africaine, et une expertise et un savoir-faire reconnus de tous, dans ce domaine de lutte contre le terrorisme transfrontalier.

Il a également marqué des points dans le domaine diplomatique, puisque c’est un domaine que j’ai connu un peu, en réalisant en un temps record, l’organisation pour la première fois dans l’histoire de notre pays de deux sommets internationaux qu’on n’a jamais pu faire, le sommet de la ligue Arabe et bientôt, celui de l’Union Africaine. Sa présidence de l’union Africaine et sa participation à plusieurs initiatives diplomatiques mondiales ont permis d’améliorer l’image et la commune renommée du pays.

Sur le plan des infrastructures, l’Aéroport International de Nouakchott « Oum Tounsi » constitue à lui seul le gros morceau, sans parler du nouveau palais des congrès en finition, des routes, et d’autres infrastructures que tout visiteur du pays peut constater.

Le programme des boutiques Emel et la distribution du Elf (aliments de bétails), dans le cadre d’une année marquée par un fort déficit pluviométrique, ont mobilisé les couches les plus nécessiteuses du pays, même si, il faudra plus que ça pour secourir ces populations frappées cette année, par un hivernage quasi inexistant.

On comprend donc pourquoi les Oulémas, les notabilités et tout le pays profond se prononcent pour que le Président Aziz reste pour continuer à faire le Job.

Si le Président décide de ne pas répondre à cet appel et de soutenir un candidat, c’est ce qui semble-t-il pourrait être le cas), ce dernier ne sera probablement élu que sur la base de ces réalisations du Président Aziz et de son soutien actif.

Il reste encore beaucoup à faire, sur le plan social, le niveau de vie et le pouvoir d’achat des populations a beaucoup baissé à la suite de la modification de l’ouguiya, car les commerçants en ont profité pour augmenter les prix des denrées de première nécessité.

Sur le plan de la sécurité civile publique, les actes de délinquance, de crimes (meurtre, vol, viol, braquage de banques) ont connu une recrudescence à Nouakchott.

Deux départements sont dans un mauvais état et constituent une préoccupation essentielle des populations, car ils touchent à leurs conditions d’existence et l’avenir de leurs enfants. La santé qui est dans une situation de blocage totale actuellement et l’éducation en état de dégradation avancée.

 Nous pouvons dire que le successeur du Président Aziz aura du pain sur la planche sur ces domaines.

L’opposition radicale a, à mon avis commis trois erreurs fondamentales dont les conséquences ne finissent pas de leur tomber en cascade sur la tête :

La première c’est l’inscription dans l’accord de Dakar des stipulations pour autrui qui n’avaient aucune valeur juridique. En effet, Ils avaient flanqué au prochain président des obligations et une manière de gestion qui ressemble à une obligation de cogestion du pays. Or aucun vainqueur, même s’il venait de leur rang ne peut accepter une telle stipulation.  La seule stipulation qui vaille est celle de son peuple souverain qui l’a élu sur la base d’un programme qu’il est tenu d’appliquer.

Or, l’opposition s’est accrochée mordicus à l’application de ces stipulations par le Président désormais élu. C’est cette exigence mal fondée et inaccessible qui a amené cette opposition à commettre sa deuxième erreur, celle du boycott qui l’a sortie de l’Assemblée Nationale et de la scène politique pendant plus de cinq ans maintenant. Puis, réalisant qu’elle a fait une grosse erreur en boycottant, elle décide à la dernière minute de participer coute que coute, sans conditions aux prochaines élections. Voilà sa troisième erreur car il fallait s’y prendre à temps et négocier avec le pouvoir les conditions de sa participation.

 Sans consensus sur un candidat unique et sur un programme commun, pratiquement impossible à réaliser, compte tenu des divisions, de la course au leadership au sein du trop composite FNDU, devenu G8, et des délais impartis, je vois mal comment cette opposition pourra tirer son épingle du jeu des prochaines échéances électorales, notamment la Présidentielle.

Qu’Allah préserve la Mauritanie.

Sow Abou Demba, Ancien Ministre

Paris le 16/06/2018

(Reçu à Kassataya le 16 juin 2018)

 

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