Sommet Trump-Kim : les réactions de la presse internationale

La rencontre entre les dirigeants américain et nord-coréen le 12 juin à Singapour a-t-elle produit des résultats probants ? Marque-t-elle vraiment un tournant historique ? Et qui de Trump ou de Kim en sort gagnant ? De Séoul à Conakry, les réactions des journaux du monde.

 

 

  • Vu de Corée du Sud : un pas énorme au regard de notre passé

Quand on connaît ce passé qui a freiné nos pas, on mesure la valeur de ces poignées de mains, relève le site d’information sud-coréen Pressian. “Ce passé qui freine nos pas”, c’est l’expression adressée par Kim à Trump. L’article revient par ailleurs sur l’historique des hostilités entre les deux pays, à commencer par le passé soviétique du grand-père Kim.

  • Vu des États-Unis : peu d’avancées concrètes

Pour le Wall Street Journal, la rencontre entre le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong-un n’a finalement produit que peu d’avancées concrètes. Le quotidien des affaires new-yorkais note “qu’il n’y a pas eu de nouvel engagement de la part de Pyongyang sur l’abandon de son arsenal nucléaire et que les questions de calendrier et de vérifications du désarmement seront abordées lors de négociations ultérieures”.

  • Vu de Chine : attendons les résultats

“La péninsule est à un tournant historique”, écrit Chen Fengjun, professeur à l’Institut de relations internationales de l’université de Pékin, dans le quotidien officiel Huanqiu Shibao. Toutefois, “le succès du sommet de Singapour dépendra du retrait, ou non, de la présence militaire [américaine] vieille de 60 ans, et de son commandement (en particulier le ‘parapluie nucléaire’ THAAD)”. Si les troupes américaines ont été quelque peu réduites, elles sont toujours présentes en nombre en Corée du Sud pour des raisons de stratégie régionale. Une présence qui nuit à l’indépendance de la Corée du Sud, et qui a joué un rôle dans la nucléarisation de la péninsule, affirme le chercheur dans une analyse publiée avant le sommet.

  • Vu d’Allemagne : tendre la main à un dictateur n’est pas un acte juste

“Aujourd’hui Kim, demain Khamenei”, titre le quotidien allemand Tagesspiegel dans un éditorial très critique.

S’il s’agissait véritablement d’un acte juste, courageux et historique pour la paix dans le monde que de tendre la main à un dictateur qui affame son peuple, piétine les droits de l’homme et dirige le plus grand camp de torture au monde, un pays qui se place tout en bas du classement de la liberté de la presse mais au premier rang des pays où les chrétiens sont persécutés depuis 18 ans et qui viole sans cesse ses engagements sur son programme nucléaire, alors Donald Trump devrait franchir la prochaine étape logique et aller à la rencontre des mollahs de Téhéran.”

“L’Iran aussi entretient une longue hostilité à l’égard des États-Unis depuis des décennies, note le journal. Et les ayatollahs non plus n’accordent pas beaucoup d’importance aux droits de l’homme ou à la liberté d’expression”.

  • Vu d’Italie : Trump est dur avec ses alliés, souriant avec l’ennemi public n° 1

“Qui est le vrai gagnant de ce sommet ?” s’interroge le quotidien italien Il Sole-24 Ore. Est-ce Trump, qui se vante d’être parvenu à “convaincre Kim à le rencontrer pour négocier” ? Ou plutôt le leader nord-coréen, à qui ce sommet confère “une plus grande stature internationale, sans qu’il ait, pour l’heure, concédé quoi que ce soit de consistant” ?

Il Sole observe également que ce rapprochement avec la Corée du Nord intervient à un moment de tension aiguë entre Trump et ses alliés occidentaux au sujet des barrières douanières. Le président américain est donc “Dur avec ses alliés, souriant et disponible avec celui qu’Obama, au moment de lui passer le relais, lui avait désigné comme l’ennemi n°1 de l’Amérique”.

  • Vu de Guinée : les dirigeants africains devraient en prendre de la graine

Le site d’informations guinéen Le Djély fait un bilan pour l’Afrique de ce sommet. “Donald Trump qui rencontre Kim Jong-un dans un hôtel huppé de Singapour, c’est a priori le cadet des soucis des Africains”, mais “à tous et à toutes, Donald Trump et Kim Jong-un semblent vouloir dire qu’aucun conflit n’est immuable, qu’aucune divergence n’est éternelle”.

Pour le journal, certains dirigeants africains devraient en prendre de la graine :

si on peut se féliciter du fait qu’au Kenya, Raila Odinga et Uhuru Kenyatta aient déjà fait montre du même sens de responsabilité historique [après leur confrontation lors de l’élection présidentielle d’octobre], il n’y a que Riek Machar et Salva Kiir qui n’arrivent toujours pas à s’entendre de manière à faire cesser les hostilités au Soudan du Sud. Et il en est de même de nombreux pays africains où entre l’opposition et ceux qui occupent le pouvoir, en lieu et place de l’adversité, il y a une redoutable animosité”.

  • Vu de Russie : un sommet décevant

Le quotidien Kommersant titre sur un sommet “faible” et “inconsistant”. Le document signé ne contient pas d’avancée concrète concernant les relations mutuelles, le désarmement ou la levée des sanctions, résume le site du journal. Les experts coréen, japonais et russe interrogés à Singapour sont peu enthousiastes. “C’est la répétition des déclarations de 1994 et 2001 qui, sur certains points étaient même plus concrètes et contraignantes”, estime l’expert russe. “Je doute que la population américaine approuve le fait que tant d’argent ait été dépensé pour l’organisation d’une rencontre débouchant sur si peu de résultats”, commente pour sa part un professeur de l’université de Keio à Tokyo. “Si rien de plus concret n’apparaît dans les documents ultérieurs, on pourra dire que ce sommet était sans contenu”, relève un chercheur à l’ASAN Institute for Policy Studies de Corée du Sud.

 

 

Source : Courrier international

 

 

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