Mauritanie-Sénégal : l’exploitation du gaz hors du continent controversée

L’annonce faite cette semaine par la Major britannique BP que le gaz produit à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, « la Grande Tortue » à partir de 2021 sera destiné aux marchés européens, américains et asiatiques suscite des réserves des observateurs et la société civile des deux pays concernés.En tournant le dos à l’Afrique cet accord gazier mauritano-sénégalais est un pied de nez à l’Union africaine en attente de la ratification des pays membres pour la zone de libre échange commercial pour la décennie à venir.

 

2018 s’annonce comme une bonne année pour la Mauritanie et le Sénégal qui ont signé en février dernier à Nouakchott un accord gazier  dont le démarrage de l’exploitation est prévue pour 2021.C’est le plus important gisement en Afrique subsaharienne avec une capacité de production de 450 milliards de mètre cube représentant 14 pour cent des réserves du géant Nigéria. Aujourd’hui la Major britannique BP dont le financement avoisine un milliard de dollars et son partenaire pour l’exploration Kosmos ont gagné le marché.Et déjà la BP vend la mèche en déclarant cette semaine que le gaz produit à la « Grande Tortue » dès 2021 sera destiné aux marchés européens , américains et asiatiques tournant ainsi le dos au marché africain.Le choix d’ailleurs dès maintenant pour le marché sud américain en particulier le Brésil avec une possibilité de concurrencer le marché asiatique en dit long du diktat des supers monopoles gaziers occidentaux sur le continent.

Une mainmise étrangère qui reflète la faiblesse de la majorité des états africains dans l’intelligence technologique mais c’est surtout l’absence de transparence des accords politiques souvent soumis au parlements nationaux pour simples formalités.Cette exclusion du marché africain suscite des interrogations.Pour les observateurs c’est un pied de nez aux dirigeants de l’UA en attente de la ratification des pays membres sur l’accord de libre échange commercial lors du dernier sommet de l’organisation panafricaine. Pour la Mauritanie et le Sénégal certes cette manne gazière est une aubaine pour booster leurs économies mais elle profitera plus aux exploitants qu’aux populations qui achèteront chers le gaz chez elles.Le gaz comme le pétrole devient alors source de malheur.Il s’agit d’inverser la tendance.

Bakala KANE

 

(Reçu à Kassataya le 30 mai 2018)

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Quitter la version mobile