Assemblées générales de la BAD : la Corée du Sud, un rêve africain

Ce ne seront pas les premières assemblées de la Banque Africaine de Développement en termes de record d’affluence. Mais, à coup sûr, ces assemblées ouvertes ce 23 mai à Busan, à 2 heures de TGV de la capitale coréenne, Séoul, constitueront un puissant viatique pour les décideurs politiques et économiques africains en charge du développement.

Il est quasiment impossible de saisir ce modèle industriel d’un pays qui présentait un PIB par habitant de moitié celui du Ghana en 1960 sans s’interroger sur les trajectoires plates des économies africaines, meilleures élèves de la Banque Mondiale et du FMI par leur accoutumance à des préceptes qui n’ont jamais marché.

L’aventure de l’industrialisation de la Corée démarre en 1965 par la construction d’une sidérurgie géante, un projet que la Banque Mondiale refusera de financer. Posco, la plus grande sidérurgie au monde, importait ses minerais de l’Australie à 9 000 km. Les privés n’étaient pas prêts à le faire. Le projet a vu,le jour grâce à un prêt du Japon.

Le dragon a tenu tête à la doxa dominante des institutions de Bretton Woods et a pu, à partir de l’acier, amorcer son décollage. Pendant ce temps, l’Afrique a adopté une politique de substitution aux importations très vite rattrapées par la faiblesse de la souveraineté des décisions économiques et stratégiques.

Si le taux de croissance du continent était de 1,6% sur les décennies 60- 70, il est tombé à 0,7% durant les 20 ans d’ajustements structurels puis a accroché 6% sur la période de grâce 2004-2014 correspondant au boom des matières premières.

Pendant ce temps, la Corée du Sud a emprunté le chemin arpenté par les modèles des USA et du Japon. Si la grande puissance américaine, alors exportatrice de tabac, avait suivi les préceptes d’Adam Smith, qui lui préconisait de ne pas s’industrialiser, que serai-elle devenue aujourd’hui ?

Certes la tâche s’annonce difficile pour l’Afrique qui devra construire ses modèles dans une marge de manœuvre contrainte par l’OMC et les différents traités multilatéraux et bilatéraux et dans un contexte de dépendance accrue aux bailleurs de fonds étrangers. Attention encore aux fausses promesses.

L’idée d’une ère post-industrielle, voire post connaissance, rendue forte par le basculement de l’économie mondiale vers le numérique, pousse certains économistes à préconiser un raccourci pour les pays africains. Certes, mais celui-ci, s’il est défendable du point de vue théorique,ne peut ignorer la réalité d’un continent qui, à bientôt 60ans après les indépendance, brade encore ses matières premières pour importer des produits de plus en plus chers.

Le modèle coréen a eu pour point de départ et point d’arrivée la volonté politique. Tous les autres paramètres ont été négociés et le sont encore.

Adama Wade, Busan

Corée du Sud

 

 

 

Source : Financial Afrik

 

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