Mauritanie : les ex-déportés noirs de 89 devant le palais de Nouakchott

Les ex-déportés mauritaniens  du Sénégal organisent un sit-in devant la présidence de la république à Nouakchott le 24 mai prochain à l’appel du regroupement des victimes de 89 et 91 ( REVE ).Les manifestants réclament le paiement des pensions des victimes, la reconstitution de carrière des fonctionnaires et travailleurs et l’indemnisation de tous les ayants droits.Les observateurs s’attendent à une fin de non recevoir du locataire du palais de Nouakchott qui a déjà clos le dossier du passif humanitaire.

 

S’il y a bien un dossier brûlant qui hante l’esprit du président mauritanien c’est bien le règlement du passif humanitaire qui fait référence à l’une des pages les plus sombres de l’histoire de la Mauritanie avec la déportation de près de 120 000 noirs au Sénégal et au Mali en 89 sous le régime de Ould Taya.Un dossier qui fait l’unanimité au sein de l’opposition et de la société civile et même au sein des Nations-Unies qui viennent d’envoyer un signal à Genève aux autorités de Nouakchott pour qu’elles révisent leur copie sur la cohabitation avec des mesures d’apaisement et de réconciliation nationale.

Depuis 2009 la gestion en dent de scie de ce dossier par Ould Aziz est considérée comme une volonté politique à protéger ses frères d’armes dont beaucoup sont accusés de crimes contre les 28 soldats assassinés en 91 à Inal. C’est surtout l’absence de mesures concrètes de réinsertion des 24 000 réfugiés du Sénégal rentrés officiellement au bercail depuis 2008 qui continue de faire polémique.

En clôturant le passif humanitaire Ould Aziz tourne le dos à la réconciliation nationale et laisse ainsi en rade des milliers de mauritaniens déportés regroupés aujourd’hui au sein d’une association appelée Regroupement des Victimes des Evènements 89 et 91 qui ne cesse depuis quelques années à interpeller le gouvernement sur leurs droits et leurs conditions difficiles d’existence.

La majeure partie d’entre eux n’ont pas de pension d’où des difficultés de reconstitution de leur carrière de fonctionnaires ou de simples travailleurs et les indemnisations octroyées jusqu’ici par l’Etat ne touchent que quelques personnes.Ce sont toutes ces doléances qui seront exposées le 24 mai prochain devant la présidence de la république pour interpeller Ould Aziz à résoudre ce passif humanitaire qui n’a que trop durer.Les observateurs s’attendent à une fin de non recevoir et au pire à une répression des manifestants.

Bakala KANE

(Reçu à Kassataya le 20 mai 2018)

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