Fidélis-Jason, de la cité à un stage à l’Elysée

Ce lycéen de terminale, qui vit dans un HLM d’Athis-Mons (Essonne), a pu faire un stage au palais de l’Elysée le mois dernier. Fidélis-Jason Onomo Mbassi, 17 ans, nous raconte.

 

Des camarades comme des professeurs le prennent pour un mythomane. « Au lycée, personne ne me croit. On me demande des preuves, alors j’ai montré la photo où je suis à côté du président de la République. Mais certains sont encore convaincus que c’est un photomontage ou un cliché pris au musée Grévin, comme si cela n’était pas possible ! », s’étonne Fidélis-Jason Onomo Mbassi, 17 ans, en classe de terminale S avec un an d’avance.

Il n’y a pourtant aucun doute : cet ado brillant, qui grandit dans un logement HLM de la cité du Noyer-Renard à Athis-Mons (Essonne), a bien réalisé un stage découverte d’une semaine le mois dernier à l’Elysée et donc croisé Emmanuel Macron. Avant d’arriver jusqu’au Palais, il y a eu une première rencontre décisive avec le chef d’Etat fin février.

 

A ce moment-là, le jeune Franco-Camerounais de 1,85 m, aussi à l’aise avec les dérivées des fonctions que les paniers, est en stage de basket à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis). « Le coach nous a annoncés : une personnalité vient nous rendre visite. J’ai pensé que c’était Tony Parker ou Michael Jordan. Mais il nous a dit que c’était le président de la République en déplacement dans le cadre des JO de 2024 », raconte celui qui joue ailier.

Une question posée au culot au président

 

Au gymnase, il réussit à « se faufiler » pour poser une question à l’invité de marque. « J’y suis allé au courage. J’étais quand même impressionné. Je cherchais mes mots pour ne pas dire de bêtises. Je lui ai demandé : Qu’est-ce que vous conseilleriez à un jeune qui veut devenir diplomate comme moi ? Il m’a répondu : Faire un stage à l’Elysée. C’était au-delà de mes rêves », s’enthousiasme-t-il. Un conseiller lui tend alors une carte de visite. C’est dans la poche. Quelques échanges de mails plus tard, Fidélis-Jason est affecté au pôle diplomatique du Château.

« On m’a prévenu : ce qui est à l’Elysée doit rester à l’Elysée », sourit celui qui sait rester discret et pèse chacun de ses mots. Le stagiaire en provenance de banlieue n’est pas au cœur du pouvoir pour faire des photocopies. « Je croyais que j’allais être observateur mais en réalité, j’ai été actif en faisant, notamment, des comptes-rendus de réunion », précise-t-il.

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Un cliché posté par la présidence le 16 avril dernier, où l’on voit Fidélis-Jason Onomo Mbassi (cerclé de rouge) assister à une réunion des ONG qui agissent sur le terrain en Syrie. TWITTER/@Emmanuel Macron

 

Le maître des lieux étant « assez débordé » cette semaine-là, le jeune homme a eu le temps de le voir à l’œuvre lors d’une réunion avec les ONG qui agissent sur le terrain en Syrie. « Quand il entre dans la salle, il y a une atmosphère particulière, une sorte de stress collectif. Il m’a salué. On a aussi pris une photo ensemble dans le vestibule de l’Elysée et je l’ai remercié. Il m’a mis en confiance. Je n’ai pas ressenti de mépris, c’était assez chaleureux », confie-t-il. Il a aussi « aperçu par la fenêtre » la Première Dame.

«Président, je ne sais pas, mais diplomate, c’est sûr !»

 

Est-il devenu macroniste à l’issue de cette immersion ? « Je n’ai pas de placement politique, pas de réponse figée sur la question », lâche-t-il, prudent. « Il est toujours dans le self-control, il ne montre pas trop ses émotions », décrit sa maman Fidèle, commerciale de profession, qui est « très fière » du fiston. Fidélis-Jason, dernier d’une fratrie de six, ne manque pas d’ambitions, déterminé à briser tous les plafonds de verre.

Quand on lui demande s’il se verrait bien un jour, lui aussi, au sommet de l’Etat, il réplique : « Président, je ne sais pas, mais diplomate, c’est sûr ! Les Nations unies, ça m’intéresse », précise-t-il. Il porte déjà le costume-cravate de la fonction. « J’aime bien m’habiller élégamment », souligne-t-il. Il maîtrise aussi cinq langues : français, anglais, espagnol, bassa (parlée au Cameroun) et pidgin camerounais (créole à base lexicale anglaise).

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Fidélis-Jason Onomo Mbassi, déjà habitué au costume-cravate. LP/Arnaud Journois  

 

« Il a toutes les qualités pour parvenir à ses fins. Pour être un bon diplomate, il faut de bonnes oreilles et une bonne plume. C’est le cas de Fidélis, discret et à l’écoute », encense son « référent » durant le stage. Ce conseiller diplomatique adjoint du président de la République a apprécié ce « regard neuf ». « Il s’est parfaitement fondu dans le moule. Il posait plein de questions. On était fiers qu’il soit parmi nous », applaudit-il. Le lycéen boursier sera toujours le bienvenu sous les ors de la République. Mais la priorité, désormais, pour celui qui postule à une prépa littéraire ou HEC, c’est le bac dans quelques semaines, aux côtés de ses camarades qui vont bien finir par croire à sa belle histoire.

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