La presse arabe entre approbation et rejet de la décision de Trump sur l’accord avec l’Iran

Les médias égyptiens et du Golfe saluent le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, soutenant que « le temps est venu de tailler les griffes de l’Iran ».

Dans la presse arabe, les réactions à la décision de Donald Trump de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien oscillent sans suprise entre approbation et rejet, selon que le prisme de la publication est pro ou anti-américain.

« Le temps est venu de corriger les erreurs de l’administration Obama, écrit le quotidien semi-officiel égyptien Al-Ahram.Le temps est venu de tailler les griffes de l’Iran, d’affaiblir ses relations avec la Russie et de neutraliser la Syrie et le Yémen, tout en préservant les énormes gains que les entreprises d’armement américaines ont réalisé en jouant sur l’épouvantail iranien. »

L’Egypte est un allié historique des Etats-Unis et son président, Abdel Fattah Al-Sissi, entretient d’excellents rapports avec Donald Trump. La relation bilatérale s’est réchauffée après le départ de Barack Obama, qui avait critiqué le renversement en 2013 de Mohamed Morsi, le président issu des Frères musulmans, par M. Sissi, alors ministre de la défense. Washington verse depuis des décennies une aide annuelle de 1,2 milliards de dollars à l’armée égyptienne, qui a été légèrement amputée l’année dernière.

« Le président américain a renversé la table sur tout le monde », peut-on lire au Liban dans le quotidien de gauche « Al-Akhbar », traditionnel pourfendeur des politiques américaines au Proche-Orient

Arab News, quotidien anglophone d’Arabie saoudite, où la presse est strictement sous contrôle, reproduit l’un des principaux arguments employés par les dirigeants de Riyad pour plaider leur cause contre Téhéran. « Au lieu d’utiliser les milliards de dollars que l’accord sur le nucléaire lui a offerts pour renforcer son économie, élever le niveau de vie de ses habitants et prospérer, le régime iranien a choisi de continuer à sponsoriser le terrorisme et à semer le trouble, de Téhéran à Tanger, écrit Faisal Abbas, directeur de la rédaction du titre. Paris et Londres n’aiment peut-être pas la décision de Trump, mais comment se sentiraient les Français et les Britanniques si leurs capitales se retrouvaient sous la menace directe des Iraniens ?»

Le quotidien Al-Ettihad, publié aux Emirats arabes unis, pays lui aussi privé de toute liberté d’expression, soutient que la décision de la Maison Blanche « corrige une situation qui était faussée depuis le début. L’Iran a interprété la signature de l’accord comme un feu vert pour imposer son contrôle sur la région et lâcher ses milices terroristes sur de nombreux pays arabes. »

A Beyrouth, le quotidien de gauche Al-Akhbar, traditionnel pourfendeur des politiques américaines au Proche-Orient, s’inquiète au contraire du fait que «le langage de l’escalade et des sanctions a remplacé le calme relatif qui régnait avec l’Iran. La trêve n’a pas duré plus de trois ans. Le président américain a renversé la table sur tout le monde ».

Dans un précédent éditorial, intitulé « Ce n’est pas le réveillon du nouvel an », publié samedi 5 mai, à la veille des élections législatives libanaises, le directeur de la rédaction d’Al-Akhbar, Ibrahim Al-Amine, avait appelé ses lecteurs à se préparer pour une guerre de grande envergure, « une confrontation globale, un développement qui nous saisira tous, sans exception, l’un de ces prochains jours ».

 

Benjamin Barthe

(Beyrouth, correspondant)

 

 

Source : Le Monde

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