Pourquoi on ne se souvient pas des livres qu’on a lus ni des films qu’on a vus

Pourriez-vous raconter en détail le dernier film que vous avez regardé ou le dernier livre que vous avez lu? Probablement pas. Pour la plupart d’entre nous, c’est comme un café: après l’avoir bu, il ne reste que quelques traces au fond de la tasse.

La théorie de la «courbe de l’oubli» désigne la façon dont nous oublions des informations au fil du temps, si on ne fait pas d’effort pour les retenir. Les vingt-quatre heures qui suivent l’apprentissage sont les plus critiques: c’est pendant ce laps de temps que la plupart du contenu est oublié.

«Je me souviens toujours de l’endroit où j’étais quand je lisais. Je me souviens de la couverture. Je me rappelle où j’ai acheté le livre ou qui me l’a donné. L’histoire, beaucoup moins. Juste après la fin de la lecture, je me souviens de tout, mais quelques jours plus tard, c’est une toute autre histoire», raconte Pamela Paul, éditrice du New York Times Book Review.

Nos souvenirs peuvent transparaître sous d’autres formes: une odeur, un lieu, une sensation… The Atlantic explique que notre mémoire est fondamentalement associative: on établit des liens via des stimulus. C’est notamment pour cela que l’on peut se souvenir d’une personne grâce à un parfum ou d’une soirée grâce à une chanson: il suffit d’un élement déclencheur pour activer notre mémoire.

Internet, extension de notre mémoire

 

Selon Jared Horvath, chercheur en psychologie à l’université de Melbourne, les nouveaux moyens de consommation de l’information et du divertissement ont profondément transformé notre façon de se souvenir: à l’ère d’internet, la mémoire à long terme est beaucoup moins nécessaire et la mémoire de travail ou mémoire à court terme prend la main.

Une étude publiée en 2011 par le National Center for Biotechnology, montre qu’internet remplit le rôle de mémoire externe: avec Wikipédia, Google ou même YouTube, il suffit de quelques mots-clés pour retrouver une citation ou un extrait de film: plus besoin d’avoir recours à sa propre base de données mémorielle. «Si une personne sait qu’elle pourra avoir une nouvelle fois accès à une information dans le futur, elle aura tendance à ne pas la mémoriser», écrivent les auteurs de l’étude.

Malgré tout, notre cerveau n’est pas adapté au surplus d’information: d’après les résultats d’une autre étude réalisée par le professeur Jared Horvath, les personnes qui pratiquent le binge watching de séries télévisées retiennent moins bien le contenu des épisodes que ceux qui en regardent un par semaine.

Il en va de même pour le binge reading: en 2009, l’Américain moyen lisait environ 100.000 mots par jour, sans vraiment acquérir de connaissances: «On ne lit plus, on consomme», explique la journaliste Nikkitha Bakshani, auteure d’un article sur le sujet.

Si vous voulez vous soutenir de ce que vous lisez ou regardez, il faut apprendre à laisser du temps entre chaque lecture ou chaque visionnage. Si nos professeurs de français nous donnaient deux ou trois chapitres des Misérables à lire par semaine, c’était pour une bonne raison.

Repéré par Aurélie Rodrigues

Repéré sur The Atlantic

Source : Slate

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