Et si Manuel Valls devenait maire… de Barcelone

« Bueno, me lo voy a pensar ». Six mots qui font un sacré effet. L’ancien Premier ministre Manuel Valls envisage de se présenter aux élections municipales de… Barcelone en 2019. Il l’a confirmé au quotidien le plus lu de la région, La Vanguardia, puis sur TVE. « Je vais y réfléchir », a-t-il expliqué après un long développement sur la nécessité de regarder la volonté indépendantiste d’une partie des Catalans au regard de la situation européenne, pas seulement espagnole. Le parti Ciudadanos, « habitants des villes » ou « citoyens », un parti centriste et libéral créé en 2006, pourrait lui demander de porter ses couleurs pour la mairie, l’an prochain. La maire actuelle, Ada Colau, proche du mouvement Podemos, dirige la ville en minorité depuis que ses alliés socialistes lui ont tourné le dos.

Evoquant sur TVE son engagement contre le séparatisme en Catalogne, ce vendredi, Valls a assuré en espagnol s’être impliqué dans ce débat « en tant qu’enfant de Catalan, né à Barcelone parce que je veux aussi donner à la Catalogne et à l’Espagne ce qu’elles m’ont offert : mes origines. C’est aussi une forme de générosité », a-t-il estimé.

« Continuer dans ce débat, oui cela m’intéresserait, rester dans ce débat politique et intellectuel. Puis-je aller plus loin ? Je vais y réfléchir », a-t-il conclu.

Fils de parents espagnols et catalans, Manuel Valls a été naturalisé français à l’âge de 20 ans. Sa sœur Giovanna vit à Barcelone.

Depuis octobre, il multiplie les allers-retours entre la France et l’Espagne

Premier ministre, Manuel Valls avait un pied à Matignon, un pied à Evry, commune de l’Essonne dont il fut maire. Député apparenté En Marche, Manuel Valls a désormais plus qu’un pied en Catalogne. Depuis octobre, l’ancien chef du gouvernement français, candidat malheureux à deux primaires socialistes, multiplie les allers-retours entre la France et l’Espagne. Il s’est impliqué dans le débat sur l’indépendance de la Catalogne, prêchant l’unité. A l’occasion de déplacements dans le poumon économique de l’Espagne, il rencontre des notables locaux, des chefs d’entreprise notamment. En décembre, il avait même poussé jusqu’à Madrid, où il avait été reçu par le roi Felipe VI.

Depuis le traité de Maastricht, en 1992, les ressortissants de l’Union européenne résidant dans un autre Etat membre ont le droit de voter et de se présenter aux élections municipales du pays dans lequel ils vivent. La loi française n’obligeant pas un député à maintenir sa résidence en France, et la loi sur le cumul des mandats ne s’appliquant qu’aux mandats français, Manuel Valls pourrait, s’il était élu maire de Barcelone, demeurer à l’Assemblée nationale. Reste à savoir ce que les électeurs en penseront, particulièrement les Français qui peuvent s’inscrire en ce moment sur les listes électorales communautaires. Le scrutin, à un tour, et à la proportionnelle, est prévu le 9 juin 2019.