Diaspora : Caroline Guèye, de l’art des sciences à la science de l’art

PORTRAIT. De passage en Mauritanie, où elle a choisi d’exposer, cette peintre, petite-fille du Togolais Paul Ahyi, célèbre l’Afrique à travers ses œuvres.

 

Et si le pinceau s’héritait. Caroline Guèye est la petite-fille de l’artiste plasticien Paul Ahyi. Celui-ci, dont les liens intimes avec le drapeau national du Togo sont connus, est considéré comme le Picasso afri­cain. Or Caroline Guèye est aussi artiste peintre. Et, semble-t-il, de talent. Dire que cette métisse est une scientifique ! Caroline Guèye est en effet ingénieur en physique atmosphérique (radioprotection et sûreté nucléaire). Après un baccalauréat scientifique obtenu à Dakar, elle voue son temps à l’art, qui, dit-elle, est son espace vital. C’est cette passion qu’elle expose, pour la deuxième fois à Nouakchott, à la galerie Sinaa.

 

Des sciences pures au monde de l’art

Ouverte le vendredi 23 mars, devant un public curieux et passionné, cette exposition est dénommée « Musicalité spatiale ». Il s’agit de vingt-cinq œuvres, dont la majorité est réalisée au pastel et quelques-unes à l’encre, et une grande tapisserie reproduite par les liciers de la manufacture de Thiès (Sénégal). Les tableaux sont inspirés du parcours de l’artiste. Le travail montre une utilisation soignée de compositions, un langage de couleurs et des œuvres faisant écho aux ondes de l’espace. Il s’agit des résonances acoustiques des étoiles. Chaque étoile offre une signature sonore propre, transposée à des fréquences perceptibles par l’oreille humaine, donnant ainsi la musique de ces sphères gazeuses. Les tableaux, en formes géométriques, s’inspirent de diagrammes dans lesquels est indiquée la luminosité d’étoiles en fonction de leurs températures.

S’il est question de l’expression de la physique dans ces œuvres, Caroline Guèye a aussi l’actualité comme source d’inspiration. En effet, après avoir dénoncé le kidnapping des jeunes filles par Boko Haram, Fukushima, la succession de Mandela avec Zumandela, elle s’en est prise, dans son exposition de février à Dakar, au pillage des côtes africaines avec Sos Podpa. Rien de surprenant pour cette artiste panafricaine habitée par les voyages, sources de connaissances et d’inspiration. Parlant le mandarin, Caroline Guèye a résidé et exposé en Chine, près de Pékin, ce qui contribua à élargir l’horizon de l’artiste, dont les œuvres trônent à l’aéroport international de Dakar, à la BCEAO, à l’Apix, et chez de nombreux collectionneurs d’art.

© DR

 

Une artiste panafricaine

 

En Mauritanie, Caroline n’est pas en terre inconnue. Elle a effectué plusieurs séjours dans ce pays, et c’est à Nouakchott qu’elle a préparé son exposition solo de février à Dakar. Et certains éléments, comme les filets de pêche, sont des outils mauritaniens. La présente exposition n’est donc qu’un retour qui annonce d’autres calendriers. Après Nouakchott, Caroline Guèye participera en mai à la Biennale des arts de Dakar. Puis elle s’envolera pour des expositions qui rendront hommage à Nelson Mandela à Paris, Niamey et Londres.

Artiste panafricaine dans la culture et dans l’âme, la Franco-Togolo-Sénégalaise a présenté à Nouakchott des tableaux de haute facture : « J’ai aimé l’idée d’avoir des dessins qui nous proviennent des étoiles, dit Arlette. Les fréquences de la lumière et des ondes traduites en musique et en couleurs sont d’une forte originalité. Ça change de ce qu’on a l’habitude de voir », poursuit-elle. Alors, profitez jusqu’à fin avril pour découvrir le travail de celle qui, tout en se fiant aux sciences, n’a pas lâché le crayon. Il y a là les leçons du pinceau d’or qu’était Paul Ahyi !

 

Bios Diallo

à Nouakchott

 

 

Source : Le Point Afrique

 

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