Mauritanie : l’alternance démocratique c’est possible

Les mauritaniens à coup sûr éliront dans moins d’une année un nouveau président de la république.Une chance historique pour l’opposition de prendre pour la première fois le pouvoir dans un pays quasiment gouverné sans partage par les militaires depuis 78. Le Forum national pour la Démocratie et l’unité( FNDU) en première ligne de cette confrontation avec l’UPR le parti de la majorité actuelle est pointé par les observateurs comme la seule force alternative au régime de Ould Aziz si et seulement si elle s’unit autour d’un nouveau projet commun sociétal et d’une candidature commune.

 

 

Nul doute que les législatives municipales et régionales dans quelques mois auront valeur de premiers tests pour l’UPR, le parti de la majorité et le FNDU qui regroupe plus de 10 partis de l’opposition avant les présidentielles de 2019. Et déjà le climat n’est pas favorable à la bonne tenue de tous ces scrutins avec en toile de fond les fraudes de cartes d’identité révélées par la presse nationale dans le cadre de l’implantation du parti de la majorité à travers tout le territoire. L’opposition dénonce ainsi un putsch électoral en gestation qui risque de mettre les électeurs devant le fait accompli. En attendant c’est la possibilité d’une alternance démocratique qui fait l’unanimité des observateurs.

 

Pour la première fois dans l’histoire du pays il y a une grande place pour l’opposition pour occuper le fauteuil présidentiel. Un changement tant rêvé par les mauritaniens qui en ont marre d’un pays toujours dirigé sans partage par les militaires. Et les quelques rares civils sauf Sidi Ould Cheikh Abdallahi ont vite tourné le dos à l’unité nationale et à la cohésion sociale. Le contexte se prête au changement. Tous les feux sont au rouge.Recul des libertés, les droits de l’homme sont bafoués avec l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ,absence de dialogue politique avec l’opposition et les syndicats. Et les mauritaniens en sont arrivés à ne plus se parler et ruminent de la haine entre eux. Cette mal cohabitation est encouragée par un régime qui a tourné le dos à la réconciliation nationale en soldant le passif humanitaire et mis à genou l’économie du pays avec comme conséquence une dette publique estimée à plus 70 pour cent du PIB.

 

Et comme le malheur ne vient jamais seul la nouvelle monnaie dégringole comme l’ancienne et ne permet plus aucune marge de manœuvre du gouvernement pour investir malgré l’octroi de prêts du FMI de la banque mondiale et de la banque africaine et d’autres fonds arabes qui ne font qu’alourdir l’ardoise du trésor publique. Enfin le président des pauvres est devenu en 9 ans riche et président des riches surtout pour ses proches grâce à des marchés de gré à gré. C’est clair, la situation est gravissime. Ce triste tableau en faveur de l’opposition est un atout pour se préparer à prendre la relève d’un régime qui n’a pas dit son dernier mot. Ould Aziz en quête d’un dauphin a déjà anticipé en restructurant le parti mais dans le mauvais sens de la marche démocratique sur fond de tricherie au niveau des nouveaux bulletins d’adhésion.

 

Cette refonte de l’UPR vise à barrer la route à tous les candidats potentiels notamment ceux de l’opposition qui devra rassembler toutes les forces patriotiques autour d’un programme qui rompt avec le passé. Il s’agira d’une rupture avec un état à caractère raciste.Autrement dit un Etat de droit et égalitaire. Dans cette perspective l’opposition devra avant tout se faire hara – kiri en mettant de côté les ego des chefs et mobiliser la société civile.Le changement c’est maintenant.

 

Bakala Kane 

(Reçu à Kassataya le 3 avril 2018)

 

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