À l’ONU, Mahmoud Abbas rejette toute médiation américaine

Le président de l’Autorité palestinienne a appelé mardi à une conférence de paix internationale pour résoudre le conflit avec Israël. Il désavoue ainsi le rôle des États-Unis dans les négociations, conséquence du transfert annoncé de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.

 

Mahmoud Abbas ne s’était plus exprimé devant le Conseil de sécurité des Nations unies depuis 2009. Lors d’une session “tendue” pour citer The Washington Post, il a appelé la communauté internationale à organiser une conférence de paix en milieu d’année pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien. Le président de l’Autorité palestinienne “retire ainsi aux États-Unis leur traditionnel rôle de médiateur clé dans les négociations”, analyse The Times of Israel.

 

M. Abbas n’accepte pas la décision officialisée en décembre 2017 de déplacer l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Le leader de 82 ans “a réitéré qu’il était impossible pour les États-Unis de résoudre les problèmes de la région maintenant qu’ils avaient reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël”, explique The National, une publication des Émirats arabes unis.

 

“Les États-Unis se sont contredits, ont contredit leurs propres engagements et violé les lois internationales”, a déclaré Mahmoud Abbas.

 

Frustration grandissante

 

La conférence de paix devrait conduire, espère-t-il, à la reconnaissance mutuelle des deux États, à un retour aux frontières d’avant 1967. Il sera temps également d’aborder des questions décisives comme le statut de Jérusalem, la colonisation, la situation des prisonniers politiques et des réfugiés ainsi que le statut d’État membre à l’ONU. Des propositions qui “témoignent de la frustration grandissante des Palestiniens” vis-à-vis de l’Amérique, considère The National.

 

The Wall Street Journal décrit le discours comme “une attaque très claire du rôle historiquement central de Washington dans le processus de paix” avec Israël. Cette intervention “passionnée”, longue de trente-trois minutes, a pris la forme d’un “camouflet”, estime le site saoudien Arabnews.com. “Le président palestinien a épinglé l’administration Trump”, résume Ha’Aretz.

 

Après avoir laissé un an à Donald Trump, “les Palestiniens pensent que les choses reculent sérieusement au lieu d’avancer”, commente James Bays, spécialiste de la diplomatie sur la chaîne Al-Jazeera. À ses yeux, Abbas est venu chercher à l’ONU de nouveaux interlocuteurs, la situation palestinienne étant devenue “marginale” au Moyen-Orient avec les conflits en Syrie ou au Yémen.

 

La mésentente avec les États-Unis pourrait conduire les autres membres permanents du Conseil de sécurité (Grande-Bretagne, Chine, Russie et France) à jouer un rôle plus important, suggère The National, qui évoque également “un effort diplomatique étendu” des pays arabes.

 

Cité par Al-Jazeera, Mohammad Oweis, un analyste politique installé à Washington, fait preuve de pessimisme. Il assure qu’une éventuelle conférence serait un “échec” parce que les ambassadeurs américains et israéliens sont “déterminés à faire dérailler tout ce qui pourrait servir les droits du peuple palestinien”, juge-t-il.

 

Source : Courrier international

 

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