«Black Panther», comme un air de Black Lives Matter

Le film de super-héros, qui sort mercredi en Suisse et vendredi aux Etats-Unis, est très attendu au sein de la population afro-américaine, toujours plus stigmatisée dans l’Amérique de Trump.

 

Le film de super-héros Black Panther a, forcément, un écho particulier aux Etats-Unis. D’abord parce qu’il sort – vendredi dans son pays – en plein Black History Month, et qu’il met en scène Wakanda, un pays afro-futuriste qui n’a jamais été colonisé, alors que Donald Trump vient de traiter des pays africains de «shithole countries». Mais surtout parce qu’il est impossible de ne pas penser au mouvement Black Lives Matter, qui défend les droits des Afro-Américains et s’érige contre les discriminations raciales et les violences policières. Le film est déjà sur les écrans romands dès mercredi.

«Plus riche que Gates, plus intelligent que Musk»

 

Aux Etats-Unis, des Noirs meurent encore «par erreur» sous les balles de policiers. Selon un décompte du Washington Post, 19 Noirs non armés ont été tués par les forces de l’ordre en 2017. Ils étaient 17 en 2016, 36 en 2015. Dans l’Amérique de Trump, ils se sentent toujours plus stigmatisés. Alors un super-héros noir, encensé par la critique, «plus riche que Bill Gates, plus intelligent qu’Elon Musk et plus élégant que Denzel Washington», selon les propos de l’auteur Jonathan Gray, ça donne forcément des ailes.

«Il n’y a jamais eu autant d’excitation et d’espoir parmi le public afro-américain pour un film depuis Malcom X (1992) de Spike Lee», assure le New York Times, enthousiaste. Campagnes de crowdfunding pour permettre à des enfants d’aller le voir, séances spéciales organisées: Black Panther risque bien de devenir un phénomène, prédit le quotidien. Et de rappeler cette vidéo qui a fait un buzz en décembre, où l’on voit deux Afro-Américains tout excités devant l’affiche du film montrant tant de stars noires. Une vidéo qui a été rapidement twittée avec le commentaire suivant: «C’est ça, ce que ressentent les Blancs TOUT LE TEMPS?!!!!» Elle a fait plus de 2,5 millions de vues.

ABC relève qu’il ne s’agit pas juste d’un film d’action, mais qu’il explore ce qu’être Afro-Américain signifie réellement. #WhatBlackPantherMeansToMe est d’ailleurs devenu un hashtag à la mode sur Twitter. Pour Shawn Taylor, cofondateur d’un festival de comics noirs cité par la chaîne, «ce film va humaniser la négritude comme elle ne l’a jamais été auparavant».

«Un acte de résistance»

 

«Après l’ère Obama, rien ne devrait paraître révolutionnaire. Mais ça l’est. En pleine époque culturellement et politiquement régressive, alimentée en partie par le mouvement des nativistes blancs, l’existence même de Black Panther ressemble à un acte de résistance», écrit Time. «Les thèmes abordés dans le film défient les préjugés institutionnels, ses personnages font la nique aux oppresseurs et le récit met en exergue la vie et les traditions noires. Le fait que Black Panther soit excellent ne fait que l’aider.»

L’actrice oscarisée Octavia Spencer est bien décidée à louer un cinéma et à offrir des places gratuites «pour que tous nos enfants bruns puissent se voir comme des super-héros». Elle l’a fait savoir sur son compte Instagram. Elle avait déjà agi ainsi en 2016 pour Les Figures de l’ombre, un film dans lequel elle joue, qui a également beaucoup marqué la communauté noire américaine.

 

Valérie de Graffenried

 

Source : Le Temps (Suisse)

 

 

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